Par , publié le 23 janvier 2024

Apple s’est fait une raison. En Europe, son monopole sur les paiements mobiles depuis un iPhone ne pourra pas être préservé. Celui-ci n’a pas résisté à la procédure antitrust lancée au printemps 2022 par la Commission européenne et au Digital Markets Act, la nouvelle réglementation communautaire sur le numérique, qui va entrer en vigueur début mars. Au lieu de poursuivre la bataille pour maintenir le statu quo, le groupe à la pomme propose désormais à Bruxelles d’ouvrir à d’autres acteurs l’accès à la puce NFC, qu’il réserve jusqu’à présent à son application Apple Pay. Cela devrait favoriser l’émergence de véritables solutions rivales, conçues notamment par les banques et les spécialistes du paiement en ligne. Une concession qui, espère Apple, pourrait lui permettre de réduire ou d’éviter une amende.

Commissions – Depuis son lancement en 2014, Apple Pay est l’unique portefeuille mobile à pouvoir utiliser la puce NFC, la technologie qui permet de régler des achats sans contact dans les magasins. Ce monopole lui permet de compter plusieurs centaines de millions d’utilisateurs. Et d’engranger d’importantes commissions. Il est dénoncé depuis des années par des banques et des acteurs du paiement, comme le géant PayPal qui fait partie des sociétés qui avaient alerté Bruxelles. Plusieurs d’entre eux ont bien essayé de concevoir des solutions alternatives, ne reposant pas sur le NFC. Mais celles-ci sont bien moins pratiques à utiliser, ne leur permettant pas de vraiment rivaliser. D’autres portefeuilles, comme Paylib lancé par les banques françaises, sont uniquement disponibles sur Android.

Fin inéluctable – Pour sa défense, Apple a toujours mis en avant la sécurité et la protection des données de ses utilisateurs. Mais cet argument, aussi utilisé pour justifier le monopole de sa boutique d’applications App Store, n’a pas convaincu Bruxelles, qui y voit une potentielle pratique anticoncurrentielle limitant la compétition sur le marché des paiements mobiles. Face aux assauts européens, la fin du monopole d’Apple Pay sur iPhone semblait ainsi inéluctable. Non seulement l‘accès à la puce NFC pour les développeurs tiers fait partie des obligations prévues par le DMA. Mais il est aussi probable que la Commission européenne aurait imposé, même sans concessions proposées, des conditions supplémentaires dans le cadre d’une condamnation de la société de Cupertino au terme de sa procédure antitrust.

Influer sur les changements – Apple aurait pu contester devant la justice européenne. Par exemple, en soulignant que le DMA prévoit des exemptions si la sécurité est menacée. Mais ses dirigeants semblent désormais privilégier une approche plus constructive, afin d’influer sur la portée des changements. La société propose un système de validation des applications pouvant accéder au NFC. Celui-ci sera “juste, objectif, transparent et non discriminatoire”, promet-elle. Tout refus pourra être contesté devant un collège indépendant. Apple s’engage à ne pas prélever de frais. Et à laisser les utilisateurs choisir leur portefeuille par défaut – une autre obligation du DMA. Si elles sont acceptées, ces concessions s’appliqueront pour dix ans. Dans le cas contraire, Bruxelles pourra imposer des modifications encore plus grandes.

Pour aller plus loin:
– Comment Apple tente d’échapper au DMA européen
– Face aux avantages fiscaux d’Apple, Bruxelles obtient une première victoire


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