Par , publié le 25 janvier 2024

Il fallait peut-être y voir un signe annonciateur. En septembre, Netflix lançait la diffusion d’une série documentaire sur le catch amateur. Quatre mois plus tard, la plateforme américaine de streaming vidéo a officialisé, mardi, un accord avec la WWE, le géant américain de cette discipline à la frontière entre sport et divertissement. À partir de janvier 2025, elle va ainsi retransmettre en direct l’émission vedette Raw aux États-Unis. À l’international, elle diffusera aussi tous les autres combats et programmes produits par la WWE. Ce contrat se chiffre à 5 milliards de dollars sur dix ans – avec la possibilité de l’interrompre au bout de cinq ans ou, au contraire, de le prolonger pour dix ans de plus. Il marque une véritable révolution pour Netflix, qui s’était jusqu’à présent tenu à l’écart du sport en direct.

Documentaires – La société de Los Gatos n’a jamais retransmis un événement sportif – hormis un tournoi caritatif de golf entre des golfeurs professionnels et des pilotes de Formule 1 en novembre. À la place, elle s’est concentrée sur la production de documentaires dans les coulisses des compétitions, dans le sillage du succès d’audience Drive To Survive sur le championnat de F1. L’an passé, elle a aussi lancé une série sur le Tour de France. Ces rivaux ont adopté la stratégie inverse. Depuis 2017, Amazon a mis la main sur de nombreux droits, dont 16 matchs de NFL (football américain) pour lesquels il paie un milliard de dollars par an. En 2022, Apple a mis la main sur les droits internationaux de la MLS, la ligue américaine de football. Aux États-Unis, Peacock et Paramount ont aussi musclé leur offre sportive.

Les profits avant tout – Pour ces plateformes, le sport devait représenter un argument de vente pour s’imposer sur un marché très concurrentiel. Un impératif qui ne se posait pas à Netflix, compte tenu de sa position dominante, notamment grâce à la richesse de son catalogue de films, séries et documentaires. Le groupe a donc refusé de participer à la surenchère sur les droits sportifs, pour lesquels les acteurs de streaming sont en concurrence avec les chaînes de télévision, les diffuseurs historiques de ces compétitions. “Nous ne sommes pas contre le sport, nous sommes simplement en faveur des profits”, expliquait fin 2022 Ted Sarandos, son co-directeur général. Dans cette optique, Netflix a privilégié deux autres relais de croissance: la lutte contre le partage de compte et une offre avec publicités.

D’autres compétitions ? – Ce nouvel abonnement pourrait expliquer, en partie, la volte-face de Netflix, car il offre de nouvelles opportunités de monétisation pour rentabiliser l’acquisition des droits. De quoi ouvrir la voie à d’autres compétitions ? Ted Sarandos tente de minimiser la portée de l’accord avec la WWE, soulignant que le catch est dans la ligne éditoriale de la plateforme: du divertissement sportif. Les émissions en direct de la WWE sont diffusées 52 semaines par an. Et elles sont entièrement produites par leur organisateur, ce qui n’est pas le cas des compétitions sportives. Netflix a aussi pu acheter les droits mondiaux, ce qui n’est pas la norme dans le sport. “Je ne considérerais pas [cet accord] comme un changement de notre stratégie dans le sport”, promet ainsi Ted Sarandos.

Pour aller plus loin:
– Lourdes pertes pour DAZN, le “Netflix du sport”
– Avec la MLS, Apple accélère son offensive dans le sport


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