Par , publié le 25 janvier 2024

Un mois et demi avant l’entrée en vigueur du Digital Markets Act, Spotify occupe déjà le terrain. Et met la pression sur Apple, qui n’a toujours pas indiqué comment il souhaitait se mettre en conformité, dès le 7 mars, avec cette nouvelle réglementation européenne. Mercredi, la plateforme suédoise de streaming musical a promis des changements importants au sein de son application iOS, jusqu’à présent soumise aux règles très strictes du groupe à la pomme. Elle espère notamment pouvoir mettre en place son propre système de paiement, échappant aux commissions de 15% ou de 30%, qu’elle considère comme une taxe qu’elle refuse de payer. Concrètement, cela devrait permettre aux utilisateurs de Spotify de souscrire à un abonnement payant directement depuis leur iPhone ou iPad, sans payer un prix supérieur.

Big bang – Pour Daniel Ek, le fondateur du leader du streaming, le DMA constitue une revanche. Voilà des années qu’il dénonce les pratiques d’Apple, devenu son principal rival suite au lancement de son offre musicale en 2015. Sans grande avancée majeure jusqu’à présent. Votée en 2022, la nouvelle législation européenne devrait, elle, représenter un véritable big bang dans le domaine des applications mobiles, sur lequel le concepteur de l’iPhone et Google ont toujours imposé leur loi grâce à leur position dominante. Le DMA va notamment autoriser l’installation d’autres boutiques sur les smartphones, ainsi que les téléchargements directs. Il va aussi permettre aux développeurs d’utiliser le système de paiement de leur choix, et donc théoriquement de ne plus verser des commissions sur chaque achat ou abonnement.

Déclarations d’intention – Jusqu’en 2016, Spotify avait choisi de répercuter ce surcoût sur le prix de son offre payante, qui était donc 30% plus chère sur un iPhone. Depuis, la plateforme a supprimé la possibilité de s’abonner. Une fonctionnalité qu’elle promet donc de rétablir, tout en offrant le même prix qu’ailleurs. Spotify prévoit aussi de proposer la vente à l’unité des livres audio – une option qui n’existe pas sur ses applications iOS. Ces promesses ont été illustrées, mercredi, par une petite vidéo de présentation de sa future application, qui répondra, assure la société, à “l’une des principales critiques” qui lui sont adressées. Mais celles-ci ne sont encore que des déclarations d’intention car elles restent dépendantes, au moins à court terme, de la stratégie d’Apple face au DMA.

Bataille de communication – Le groupe américain dispose en effet d’une marge de manœuvre car le texte reste très général. Selon le Wall Street Journal, il va notamment tenter de préserver ses commissions, même si la transaction passe par une autre plateforme de paiement. Dans les pays où il a été forcé d’assouplir ses règles, comme aux États-Unis, Apple a instauré des frais de 12% ou de 27%. Une telle mesure susciterait des vives critiques et probablement des recours devant Bruxelles. En dévoilant ses projets dès maintenant, Spotify lance déjà la campagne de communication auprès des responsables européens et des consommateurs. Tout en montrant la voie aux autres développeurs pour leur prouver qu’il est possible de s’affranchir des commissions d’Apple. Cela se traduirait par un important manque à gagner pour son rival. Une belle revanche.

Pour aller plus loin:
– Comment Apple tente d’échapper au DMA européen
– Spotify réclame à Bruxelles des “mesures rapides” contre Apple


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