Par , publié le 31 janvier 2024

C’est une avancée majeure pour Neuralink. Dimanche, la start-up  fondée par Elon Musk a implanté un premier implant cérébral sur un patient humain. “Il se remet bien”, indique le milliardaire, alors que la procédure de pose est particulièrement invasive. Celle-ci requiert en effet de découper un trou dans le crâne – elle avait d’ailleurs été rejetée à plusieurs reprises par les autorités sanitaires américaines qui la jugeaient trop dangereuse. “Les premiers résultats montrent une détection prometteuse de l’activité neuronale”, assure également Elon Musk. Cette première lance une phase d’essais cliniques de plusieurs mois, limitée aux patients souffrant de paraplégie, de cécité, de surdité et d’aphasie. Dix autres opérations sont prévues cette année. D’autres étapes importantes doivent encore être franchies avant un éventuel lancement commercial.

Essais sur les animaux – Fondée en toute discrétion à l’été 2016, Neuralink ambitionne de concevoir une interface cerveau-ordinateur, grâce à un petit implant, de la taille d’une petite pièce de monnaie, équipé de milliers d’électrodes. La société n’est pas la première autorisée à tester des implants cérébraux sur des humains. Mais ses rivales, comme la start-up américaine Synchron et la néerlandaise Onward, ont opté pour des procédures et des appareils moins invasifs. Neuralink menait jusqu’à présent des tests sur des singes et des cochons, qui seraient sous le coup d’une enquête pour maltraitance animale – en 2022, une association assurait que seulement sept des 23 singes utilisés entre 2017 et 2020 avaient survécu. Surtout, les progrès ont été moins rapides qu’espéré. Et le calendrier n’a cessé d’être repoussé.

Soigner Alzheimer – Elon Musk parle désormais d’un premier produit commercial, baptisé Telepathy, qui permettra de “contrôler un téléphone ou ordinateur simplement par la pensée”. Mais il ne s’engage plus sur une date, après avoir assuré que cette technologie serait disponible en 2025. À terme, le patron de Tesla s’est fixé pour objectif d’augmenter les capacités humaines. Non seulement en permettant aux gens de contrôler une machine par la pensée, mais aussi en leur offrant de “fusionner avec l’intelligence artificielle” pour ne pas être distancés par les progrès technologiques. Neuralink veut également concevoir des cas d’usage médicaux, par exemple pour “réparer les lésions cérébrales qui ont fait perdre une capacité cognitive à une personne”, expliquait Elon Musk en 2017, citant alors les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.

Promesses inatteignables ? – Fin 2022, le milliardaire avait aussi promis de s’attaquer à la cécité et à la paralysie. Et il assurait ne pas voir de “limites pour restaurer le fonctionnement intégral du corps d’une personne dont la moelle épinière a été sectionnée”. Des promesses qui peuvent sembler “miraculeuses”, selon son propre aveu. Et qui suscitent de nombreuses réserves au sein de la communauté scientifique, qui espère, comme les rivaux de Neuralink, que les implants puissent rétablir quelques fonctions basiques. Ses détracteurs lui reprochent ainsi de multiplier les effets d’annonce, survendant des avancées déjà réalisées dans le monde académique. Et faisant miroiter des applications médicales encore beaucoup trop incertaines. Voire totalement inatteignables.

Pour aller plus loin:
– Neuralink rejette les accusations de maltraitance animale
– Theranos, le procès des excès de la Silicon Valley


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