Par , publié le 7 février 2024

“Avec la bonne stratégie et la bonne équipe, je suis convaincu qu’une réorganisation permettra à WeWork de s’en sortir”, assurait en novembre Adam Neumann, son fondateur et ancien patron. Cette stratégie miracle ? La sienne. Depuis deux mois, il tente en effet de racheter le spécialiste de la location de bureaux partagés, toujours placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, qui doit lui permettre de restructurer sa dette et de renégocier ses loyers. “Mon client est prêt à soumettre une offre détaillée”, assure ainsi l’avocat vedette Alex Spiro, qui représente aussi Elon Musk, dans un courrier envoyé lundi au cabinet chargé de la procédure. Mais ses efforts se sont, pour le moment, heurtés à une fin de non-recevoir. Probablement parce que les créanciers de WeWork refusent cette hypothèse.

Milliards dilapidés – Il faut dire que le passif d’Adam Neumann ne plaide pas forcément en sa faveur. Certes, l’entrepreneur a été à l’origine de la formidable ascension de la start-up, un temps valorisée à 47 milliards de dollars. Mais il a aussi précipité sa spectaculaire chute. À la tête de WeWork, il a bénéficié du soutien inconditionnel du milliardaire japonais Masayoshi Son, le patron de Softbank, qui a investi plus de dix milliards de dollars. Et qui l’a surtout laissé dépenser sans compter dans une stratégie d’expansion internationale démesurée. En treize ans, la société a ainsi dilapidé les 23 milliards qu’elle avait réussi à lever auprès de ses investisseurs… tout en devant s’endetter fortement. Adam Neumann avait été poussé vers la sortie en 2019 après une tentative ratée d’introduction en Bourse.

Loyers trop élevés – Malgré une sévère cure d’austérité, marquée par des licenciements massifs et l’abandon de projets annexes, la situation financière de WeWork était catastrophique. Notamment en raison des baux immobiliers de longue durée de ses quelque 700 bureaux, répartis dans 129 villes. Chaque mois, le montant des loyers représentait quasiment l’intégralité du chiffre d’affaires. Certes, la société n’a pas été aidée par les confinements. Mais elle n’a pas profité, comme elle le pensait, de la montée du télétravail. En 2021, elle promettait d’atteindre un taux d’occupation de 90%. L’an passé, celui-ci ne s’élevait qu’à 72%. L’inéluctable a fini par se produire. Alors que sa trésorerie était tombée à un niveau alarmant, WeWork n’a pas honoré le paiement d’intérêts obligataires. Et a donc dû se déclarer en faillite

Le temps presse – En novembre, WeWork expliquait vouloir profiter de cette procédure pour “rationaliser davantage son portefeuille de baux de bureaux commerciaux”, notamment pour fermer les espaces de coworking les moins performants. La société espérait ainsi sortir renforcée, avec une structure de coûts allégée devant lui permettre de devenir rentable. Mais le temps presse, alors que les négociations avec les bailleurs s’enlisent. Lundi, WeWork a expliqué au juge supervisant sa faillite que ses liquidités pourraient être insuffisantes pour poursuivre son activité. De quoi faire avancer l’offre d’Adam Neumann ? L’ex-patron, qui a touché 450 millions en 2021 de la part de WeWork, assure s’être associé avec le milliardaire Daniel Loeb. Selon le Financial Times, il aurait aussi discuté avec… Softbank.

Pour aller plus loin:
– De 47 milliards de dollars de valorisation à la faillite: l’inéluctable chute de WeWork
– Après des pertes abyssales, Softbank veut repasser à l’offensive


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