Par , publié le 7 février 2024

Fleuron de la tech russe, Yandex inscrit désormais son avenir au-delà de ses frontières. La société, officiellement basée aux Pays-Bas, a annoncé lundi la cession de l’ensemble de ses activités russes, à commencer par son moteur de recherche, qui cumulent plus de 95% de son chiffre d’affaires et de ses effectifs. Cette opération, négociée depuis près d’un an et demi avec le Kremlin, s’élève à 475 milliards de roubles, soit 4,9 milliards d’euros – cela représente moins de la moitié de la “juste valeur” de ces actifs, conformément à une législation entrée en vigueur en 2022. Elle fait suite à l’invasion de l’Ukraine il y a deux ans. Elle doit permettre à l’entreprise de poursuivre son développement à l’abri des sanctions américaines et européennes. Et de redistribuer une partie de la somme à ses actionnaires, qui sont essentiellement occidentaux.

Diversification – Lancé en 1997, Yandex s’est imposé comme le premier moteur de recherche en Russie, lui valant le surnom de “Google russe”. Le groupe a ensuite fortement diversifié ses activités. Il s’est lancé dans le commerce en ligne, dans les véhicules avec chauffeur (VTC), dans le paiement mobile et plus récemment dans la livraison ultrarapide de courses. Sur les neuf premiers mois de 2023, il a réalisé un chiffre d’affaires de 550 milliards de roubles (5,6 milliards d’euros), en hausse de 54% sur un an. Avant 2022, ses dirigeants avaient beaucoup misé sur l’international. Yandex avait ouvert des centres de recherche à l’étranger, développait des voitures autonomes aux États-Unis et souhaitait lancer son offre de cloud en Europe. En 2011, la société était aussi entrée en Bourse sur le Nasdaq.

Technologies occidentales – Depuis, les grandes ambitions internationales de Yandex se sont heurtées aux conséquences de la guerre en Ukraine. Son action a plongé de 60% en quelques jours. Avant de voir sa cotation suspendue, puis d’être radié du Nasdaq il y a un an. L’entreprise a aussi dû repousser le lancement de son cloud en Allemagne. Elle a été lâchée par son partenaire américain Grubhub, avec lequel elle concevait un robot de livraison. Surtout, elle ne peut plus se fournir auprès des entreprises occidentales qui ont suspendu leurs ventes en Russie. Yandex n’a ainsi plus accès aux puces, aux serveurs et aux logiciels indispensables pour rivaliser dans les véhicules sans conducteur ou le cloud computing. Sans changement, ces activités auraient donc été condamnées à disparaître.

Nouvelle identité – La cession des activités russes doit être finalisée, en deux temps, pendant l’été. La liste des acheteurs n’inclut aucune personnalité visée par les sanctions occidentales, alors que plusieurs proches de Vladimir Poutine étaient intéressés. La maison mère néerlandaise ne conservera alors que quatre activités: les voitures autonomes, le cloud, l’éducation en ligne et l’étiquetage des données – une technique utilisée dans l’intelligence artificielle. Elle pourrait être dirigée par Arkady Volozh, le cofondateur et ancien patron du moteur de recherche, qui avait abandonné son poste après l’invasion de l’Ukraine. La société opérera de “manière indépendante de la Russie”, assure-t-elle. Et elle changera aussi d’identité. La marque Yandex, trop identifiée, sera conservée par les actifs russes.

Pour aller plus loin:
– Les ambitions du géant russe Yandex volent en éclat
– Pourquoi les géants de la tech quittent la Russie


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