Par , publié le 26 février 2024

Les résultats de Nvidia étaient particulièrement attendus. Ils n’ont pas déçu. Au quatrième trimestre 2023, le spécialiste américain des cartes graphiques a réalisé un chiffre d’affaires de 22,1 milliards de dollars, presque le triple de l’année précédente. Et ses profits ont été multipliés par près de neuf, à 12,3 milliards. En outre, la croissance devrait rester forte sur le trimestre en cours, profitant toujours de la très forte demande liée à l’émergence de l’intelligence artificielle générative. À Wall Street, les investisseurs sont rassurés, alors que beaucoup commençaient à se demander si l’envol des actions des fabricants de semi-conducteurs n’avait pas été exagéré. Vendredi, Nvidia a ainsi brièvement franchi  la barre des 2.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Un an tout juste après avoir dépassé celle des 1.000 milliards.

Informatique “accélérée” – Nvidia récolte les fruits d’un pari réalisé il y a trente ans, en anticipation des limites de la loi de Moore, sur la hausse exponentielle de la puissance informatique. Son idée: “accélérer” les processeurs (CPU) en les couplant avec des cartes graphiques (GPU). D’abord utilisés pour les jeux vidéo, ces GPU ont depuis envahi les data centers, où ils servent désormais à entraîner et à faire tourner les derniers modèles d’IA générative. Depuis le lancement de ChatGPT fin 2020, une véritable course à l’armement a lieu pour bâtir des capacités de calculs suffisamment importantes. “L’IA générative a donné le coup d’envoi d’un tout nouveau cycle d’investissement, souligne Jensen Huang, le fondateur et patron de Nvidia. Cela représente un marché potentiel de plusieurs centaines de milliards de dollars par an”.

Satisfaire la demande – Sur ce secteur en forte croissance, le groupe de Santa Clara occupe une position quasiment monopolistique, en particulier avec ses H100, considérés comme les plus avancés. Et plébiscités notamment par les grandes plateformes de cloud, qui mettent ensuite leur infrastructure informatique à disposition de leurs clients. Le défi pour Nvidia, ce n’est pas de vendre toujours plus de GPU – ses stocks sont inexistants et son carnet de commandes affiche déjà complet pour 2024. Mais de faire produire, auprès du fondeur taïwanais TSMC, davantage de puces pour satisfaire au mieux la demande. Au deuxième trimestre, la société va lancer une version H200. Basée sur une nouvelle architecture, la prochaine génération de puces B100 doit, elle, être présentée en mars. Elle est attendue avant la fin de l’année.

Concurrence – Ces GPU doivent permettre à Nvidia de conserver son avance. Car la concurrence se met en ordre de marche. En décembre, AMD a lancé son premier accélérateur dédié à l’IA générative. Microsoft et Meta font partie des premiers clients. L’entreprise mise sur des ventes de 3,5 milliards de dollars cette année, encore très loin des performances de son rival. Intel devrait suivre en 2025. Et de nouveaux acteurs pourraient émerger, alors que Sam Altman, le patron d’OpenAI, le concepteur de ChatGPT, et Masayoshi Son, à la tête du conglomérat japonais Softbank, cherchent chacun des fonds pour se lancer. En outre, Google, Microsoft, Amazon et Meta conçoivent aussi leurs propres puces. Mais celles-ci visent, pour le moment du moins, davantage à les associer aux GPU de Nvidia pour leurs besoins internes qu’à les remplacer.

.Pour aller plus loin:
– Après l’euphorie, les craintes d’une bulle autour de l’IA générative
– Sam Altman cherche des milliards de dollars pour concurrencer Nvidia


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