Par , publié le 28 février 2024

Dans l’ombre de l’intelligence artificielle, un autre sujet agite le Mobile World Congress: la 6G, la future génération de l’Internet mobile, dont le déploiement commercial est espéré en 2030. Mais son futur ne se joue pas seulement dans les allées du salon barcelonais. Il se joue aussi à 4.000 kilomètres de là, à Oulu. C’est ici, dans le froid finlandais, qu’Helsinki finance un important laboratoire de recherche, créé en 2018, soit un an avant le déploiement commercial de la 5G. Baptisé 6G Flagship, celui-ci dispose d’un budget de 250 millions d’euros. Il regroupe 500 chercheurs, qui travaillent sur 400 projets, alors même que la précédente génération peine toujours à démontrer son utilité. Son taux d’adoption tarde à décoller, surtout en Europe, aussi bien auprès des consommateurs que des industriels.

Premier test en 2025 – Pour le moment, les recherches sur la 6G restent dans le champ académique. Et elles n’ont pas encore dépassé le stade des livres blancs devant servir à exposer la vision et les objectifs. Le 6G Flagship en a publié 13 en cinq ans. Les trois grands équipementiers télécoms – Huawei, Nokia et Ericsson – ont fait de même. Le laboratoire finlandais espère bâtir un premier réseau test en 2025 pour “étudier comment les équipements actuels fonctionnent avec les très hautes fréquences”, explique Ari Pouttu, son vice-directeur. Une phase d’expérimentation cruciale en amont des négociations sur les futurs standards de la 6G. Un accord est espéré en 2027, lors de la prochaine conférence de l’International Telecommunication Union, l’agence des Nations Unies chargée d’établir des normes pour harmoniser les télécommunications.

Deux options – La question principale de ces négociations concernera le spectre des fréquences. Deux options sont possibles. La première consiste à utiliser une bande allant de 7 à 24 Ghz, proche de celle de la 5G. “C’est la solution la plus simple”, souligne Ari Pouttu. Elle permettrait de réutiliser, en partie, les infrastructures déjà installées. La seconde option consiste à utiliser de très hautes fréquences, au-delà des 100 Ghz. Il s’agirait alors d’une véritable rupture technologique, qui nécessiterait des investissements plus importants pour les opérateurs, qui peinent déjà à rentabiliser les sommes dépensées dans la 5G. Mais ce choix permettrait aussi d’avoir accès à un spectre beaucoup plus large. “C’est le chemin disruptif, indique Ari Pouttu, qui permet d’envisager des usages impossibles avec la 5G”.

Quel usage ? – Sur le papier, la 6G fait miroiter une vitesse de connexion pouvant atteindre 1.000 gigaoctets par seconde, 50 fois plus rapide que le débit maximal de la 5G. Et une latence réduite à seulement 0,1 milliseconde, dix fois inférieure à celle de la génération actuelle. La 6G offrira aussi une densité plus élevée, permettant de connecter beaucoup plus d’appareils. D’importants gains théoriques donc, mais pour quel usage ? Les responsables du 6G Flagship citent peu d’exemples impossibles à réaliser avec la 5G. Comme d’autres, ils évoquent surtout la capacité à “percevoir l’environnement”, qui permettrait de détecter des objets ou des mouvements avec une précision millimétrique. “La 6G ne sera en réalité que de la 5G++”, tranche cependant un chercheur, reconnaissant que l’industrie avait “trop promis”.

Pour aller plus loin:
– Nokia, symbole des promesses non tenues de la 5G
– Les smartphones 5G décollent… mais pas les abonnements


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