Par , publié le 7 mars 2024

La troisième tentative sera-t-elle la bonne ? À Washington, des parlementaires américains ont présenté mardi une nouvelle proposition de loi pour forcer le groupe chinois ByteDance à vendre TikTok. Faute de quoi, la très populaire plateforme de courtes vidéos ne pourra plus être présente sur les boutiques d’applications mobiles, l’App Store d’Apple et le Play Store de Google. Autrement dit, elle ne sera pas officiellement interdite aux États-Unis, mais elle ne pourra plus être installée sur de nouveaux appareils, ni même être mise à jour. Cette subtilité doit permettre d’éviter des recours devant la justice américaine, qui avait déjà bloqué un bannissement de TikTok en 2020. Si le texte a reçu le soutien de la Maison Blanche, son adoption définitive reste très incertaine à moins de neuf mois de l’élection présidentielle.

Double inquiétude – La pression autour de TikTok n’est pas nouvelle. Il y a quatre ans, l’administration Trump avait déjà tenté de forcer une vente. L’élection de Joe Biden avait été suivie d’une accalmie, mais seulement temporairement. L’application, qui compte 170 millions d’adeptes aux États-Unis, suscite deux inquiétudes. D’abord, une collecte des données des utilisateurs par le gouvernement chinois. En 2022, une enquête de BuzzFeed News avait montré que des employés de ByteDance avaient eu accès à des données américaines. Ensuite, de potentielles campagnes d’influence menées par Pékin grâce à l’algorithme de recommandations, par exemple pour influencer le résultat d’une élection. L’an passé, TikTok avait d’ailleurs reconnu disposer d’outils permettant de doper la visibilité de certaines vidéos.

Dossier explosif – Le dossier est explosif. D’un côté, l’administration Biden veut se montrer très ferme face à la Chine, comme en témoigne l’élargissement des restrictions d’exportation de puces dédiées à l’intelligence artificielle. Mais de l’autre, peut-elle vraiment bannir une application si populaire, notamment auprès des jeunes, une base importante de son électorat ? Le mois dernier, les équipes de campagne du président américain ont d’ailleurs lancé un compte sur TikTok. Le risque existe aussi pour les élus républicains, alors que la filiale de ByteDance n’a pas hésité à mobiliser ses adeptes pour protester contre une interdiction votée l’an passé dans l’État du Montana. Derrière les grands discours, aucune initiative visant la plateforme n’a ainsi dépassé le stade de simple projet de loi.

Relance des négociations – Face à cette impasse, l’administration américaine a relancé en septembre les négociations avec TikTok sur le projet Texas. Cette proposition, similaire au projet Clover en Europe, prévoit que les données des utilisateurs américains soient exclusivement hébergées aux États-Unis dans le cloud d’Oracle. Et que seuls des employés américains puissent avoir accès aux données sensibles. Washington aura aussi un droit de regard et de veto sur les embauches et sur les changements apportés à l’algorithme et à la politique de modération. Un accord préliminaire avait été trouvé en 2022 avec le puissant Comité sur les investissements étrangers. Mais le dossier, très politique, avait alors buté sur les doutes émis par le département de la Justice et par le FBI.

Pour aller plus loin:
– TikTok, une arme d’influence pour Pékin ?
– Comment un milliardaire américain a sauvé TikTok


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