Par , publié le 23 avril 2024

À peine lancée, déjà interdite ? Lundi, la Commission européenne a officiellement ouvert une procédure contre TikTok Lite, une version allégée de l’application de vidéos disponible depuis la semaine dernière en France et en Espagne. Dans son viseur: un système de récompenses qui accorde des pièces virtuelles, pouvant ensuite être converties en carte-cadeau, quand les utilisateurs réalisent certaines actions (regarder ou aimer des vidéos, suivre un créateur, inviter des amis…). Un système “qui pourrait être aussi toxique et addictif que les cigarettes light”, souligne Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. Bruxelles reproche, en particulier, à la société de ne pas avoir respecté le Digital Services Act, qui impose de mener une évaluation des risques avant le déploiement d’une nouvelle fonctionnalité en Europe.

Engagement – Initialement, TikTok Lite a été conçu pour optimiser le fonctionnement sur les smartphones les moins puissants et pour réduire la consommation de données mobiles, comme le proposent aussi Facebook, Instagram ou encore Spotify. L’application est ainsi accessible dans de nombreux pays en Asie, en Amérique latine et en Afrique. L’an passé, la société a lancé une déclinaison, destinée, elle, aux marchés plus matures. Et mettant en avant le système de récompenses. Celle-ci a d’abord été proposée au Japon et en Corée du sud, avant d’être lancée très discrètement, sans aucune annonce officielle, en Europe. L’objectif n’est plus d’élargir le public, en touchant ceux qui ne pouvaient pas utiliser l’application principale. Mais de renforcer l’engagement de ses utilisateurs, au moment où sa croissance commence à ralentir.

Risques d’addiction – Avec plus de 130 millions d’utilisateurs actifs sur le continent, TikTok fait partie de la vingtaine de “très grandes plateformes”, soumises depuis août au DSA. À ce titre, l’application doit respecter un ensemble de règles en matière de modération des contenus haineux et de la désinformation, de protection des mineurs ou encore de ciblage publicitaire. En février, la Commission avait d’ailleurs ouvert une première procédure contre la filiale de ByteDance, la soupçonnant notamment de ne pas avoir pris des mesures suffisantes pour limiter la dépendance de ses utilisateurs et pour vérifier leur âge. Cette fois-ci, TikTok est accusé d’avoir lancé son système de récompenses sans envoyer à Bruxelles un rapport sur les potentiels risques d’addiction et sur les mesures mises en place pour les limiter.

Vers une interdiction – La semaine dernière, la Commission a adressé une première demande d’informations à TikTok. Une requête restée sans réponse. L’application doit désormais fournir son audit d’évaluation avant ce mardi, puis son plan de mitigation des risques avant le 3 mai. Dans le cas échéant, elle pourrait se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 1% de son chiffre d’affaires mondial, soit plusieurs centaines de millions d’euros. Surtout, Bruxelles lui laisse deux jours pour apporter des garanties sur les risques de dépendance. Si celles-ci ne sont jugées suffisantes, sa nouvelle application sera temporairement interdite, dans l’attente d’un examen plus poussé. TikTok fait valoir que ses points virtuels ne sont pas accessibles aux mineurs. Et qu’ils ne sont accordés que pour une heure de visionnage par jour.

Pour aller plus loin:
– ByteDance, la maison mère de TikTok, se rapproche de Meta
Le DSA européen affronte son premier test d’envergure


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