Par , publié le 25 avril 2024

Attendu au tournant par les investisseurs de Tesla, Elon Musk assume son virage vers les robots-taxis. Mardi, en marge de la publication de résultats trimestriels en baisse, le patron du constructeur de voitures électriques a certes promis la commercialisation d’un modèle plus abordable début 2025 pour mieux contrer une concurrence accrue, notamment en Chine – rassurant ainsi Wall Street alors que des rumeurs faisaient état d’un abandon du projet. Mais il a surtout insisté sur le lancement d’un véhicule entièrement autonome et d’un service de taxis sans chauffeur, qui seront officiellement dévoilés en août. “Si quelqu’un ne croit pas que nous allons résoudre l’autonomie, il ne devrait pas être un investisseur de l’entreprise”, a-t-il asséné, après avoir détaillé une vision déjà partagée en… 2016.

Promesses – Cette annonce intervient à un moment difficile pour Tesla, qui a enregistré au premier trimestre un repli de 9% de ses livraisons de voitures et de son chiffre d’affaires. En Bourse, son action affichait, avant mercredi, une chute de 42% depuis le début de l’année. Il était donc important pour Elon Musk de faire miroiter des jours meilleurs aux marchés. Son intérêt pour les robots-taxis n’est pas nouveau. Dans son deuxième plan stratégique, présenté il y a huit ans, il évoquait déjà une application à la Uber, s’appuyant sur la flotte existante de Tesla et permettant à leur propriétaire de les ajouter au réseau lorsqu’ils ne les utilisent pas. Et ainsi de gagner un “revenu significatif”. En 2019, il avait promis un lancement dès l’année suivante, anticipant plus d’un million de taxis sans chauffeur dans les rues.

Des progrès, mais… – Il y a deux ans, l’entrepreneur parlait d’une présentation d’une voiture sans pédale ni volant en 2023. Avant une mise en production en 2024. En réalité, les projets d’Elon Musk ne se matérialiseront pas avant plusieurs années encore. Certes, Tesla a réalisé d’importants progrès depuis le lancement de sa fonctionnalité Autopilot en 2015. Son successeur, baptisé full self-driving (FSD), permet désormais aux Tesla de changer de voie ou de s’arrêter à un feu de signalisation. Selon le groupe, il a accumulé plus de 300 milliards de miles (482 milliards de kilomètres) aux États-Unis, seul pays où il a été déployé. Mais il demeure, contrairement à ce que son nom suggère, seulement un système d’aide à la conduite, qui nécessite que les conducteurs conservent leurs mains sur le volant et qu’ils restent vigilants.

Pas encore d’essais – Tesla est donc encore loin du niveau d’autonomie nécessaire pour un service de robots-taxis. Beaucoup d’experts estiment que sa tâche sera difficile en raison d’un choix technologique. Sa fonctionnalité FSD repose en effet principalement sur des caméras, quand les autres acteurs du secteur utilisent un lidar, un système de laser qui cartographie l’environnement. L’autre obstacle pour Tesla sera réglementaire. Avant d’être autorisé à déployer des voitures autonomes sans la présence d’un opérateur, la société va devoir accumuler les kilomètres d’essai, sauf dans quelques États américains, comme le fait par exemple Waymo, la filiale de Google. Or, elle n’a pas encore entrepris la moindre démarche auprès des autorités. Sans oublier que les récents déboires de Cruise vont certainement inciter à plus de prudence.

Pour aller plus loin:
– Cruise reprend les essais de ses voitures autonomes… avec des conducteurs
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome


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