Par , publié le 10 avril 2024

Six mois après, les voitures sans conducteur de Cruise vont ressortir du garage. Mardi, la filiale de General Motors a annoncé la reprise progressive de ses essais sur route. Dans un premier temps cependant, ces véhicules ne fonctionneront pas de manière autonome: un chauffeur se trouvera derrière le volant. La société explique vouloir “créer des cartes et recueillir des informations dans certaines villes”, comme les limitations de vitesse, les feux et les panneaux de signalisation, en utilisant le lidar et les capteurs de ses voitures. Cette “étape cruciale” sera d’abord menée à Phoenix. Cruise, qui veut “rebâtir la confiance” avec les municipalités, ne s’engage pas sur un calendrier pour la reprise de son service de robots-taxis, suspendu en octobre suite à une série d’accidents dans les rues de San Francisco.

Rachat par GM – Fondée il y a onze ans, Cruise fait alors partie d’une génération de start-up qui ambitionne de développer des voitures sans conducteur, dans le sillage des premières Google Car. Le tournant de son histoire intervient trois ans plus tard, quand la jeune entreprise est rachetée par General Motors, pour un montant estimé à un milliard de dollars. Le géant de l’automobile lui permet de prendre une autre dimension, disposant désormais d’importantes ressources pour embaucher massivement et financer sa R&D. D’autant qu’elle lève ensuite plusieurs milliards auprès d’investisseurs extérieurs, dont Softbank et Microsoft. En 2022, elle a commencé à transporter des passagers dans ses véhicules sans la présence d’un opérateur pouvant reprendre le contrôle en cas d’urgence.

Un million de robots-taxis – Cruise est alors engagée dans une course de vitesse. D’abord, contre Waymo, la filiale de Google, pionnière du secteur, ou encore Zoox, rachetée par Amazon en 2020. Et ensuite contre le temps, alors que ses pertes s’accumulent – près de 3,5 milliards de dollars, par exemple, l’année dernière. Ses dirigeants se montrent très ambitieux. Début 2023, ils projetaient d’atteindre la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2025. Puis, celle des 50 milliards en 2030, en déployant plus d’un million de véhicules aux États-Unis, au Japon ou encore à Dubaï pour remplacer Uber et les taxis. Pour y parvenir, l’entreprise a conçu son propre robot-taxi, baptisé Origin et pensé spécifiquement pour le transport de passagers, sans volant ni pédale. Mais elle a aussi négligé le plus important: la sécurité.

Rapport accablant – Les difficultés de Cruise ont été précipitées par un accident intervenu début octobre, leur duquel une piétonne avait été traînée sur une vingtaine de mètres par l’une de ses voitures. Dans un rapport, un cabinet d’avocats s’est montré extrêmement critique avec l’ancienne direction, dont le fondateur Kyle Vogt, poussé à la démission en novembre. Cruise a “caché des éléments importants”, notaient ses auteurs. Aux médias mais surtout aux autorités, leur envoyant même une vidéo montée. Le rapport pointait aussi “un leadership médiocre, des erreurs de jugement, un manque de coordination, une mentalité de confrontation avec les régulateurs et une incompréhension des obligations de transparence”. Reprise en main par GM, la société a depuis engagé un responsable de la sécurité et revu ses procédures de contrôle.

Pour aller plus loin:
– Uber abandonne son projet de robots-taxis
– Google tente de préserver les secrets de ses voitures autonomes


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