Par , publié le 28 mai 2024

Dans sa bataille contre OpenAI, Elon Musk peut compter sur ses soutiens les plus fidèles. Lundi, sa start-up xAI a officialisé une levée de fonds de six milliards de dollars, apportés notamment par les fonds de capital-risque Sequoia et Andreessen Horowitz, qui avaient déjà aidé le milliardaire à financer le rachat de Twitter. Le fonds saoudien Kingdom Holding, deuxième actionnaire du réseau social, fait aussi partie des investisseurs. Fondé l’an passé et désormais valorisé à 18 milliards, xAI avait déjà mené un premier tour de table, dont le montant annoncé d’un milliard n’a jamais été confirmé. La société se retrouve désormais avec un trésor de guerre similaire à celui engrangé par Anthropic, mais encore deux fois moins élevé que la trésorerie théorique – en partie constituée de crédits cloud – d’OpenAI, le concepteur de ChatGPT.

En retard – Sur le plan technologique en revanche, xAI reste encore loin derrière. Certes, elle a lancé l’an passé son premier grand modèle de langage, baptisé Grok et disposant d’un “accès en temps réel” aux messages publiés sur X, l’ancien Twitter, ce qui doit lui permettre de générer ses réponses à partir d’informations récentes. Mais sa dernière version, publiée fin mars, affiche des performances inférieures à ses principaux rivaux, selon les comparaisons postées sur le site Internet de la start-up. En outre, le modèle n’est pas encore multimodal, c’est-à-dire qu’il ne peut comprendre et générer que du texte – une version multimodale a été dévoilée en avril mais elle n’est pas encore disponible. xAI est aussi à la traîne en termes d’usage, alors que Grok est toujours réservé aux utilisateurs payants de Twitter.

100.000 GPU – Face à des concurrents qui avancent à un rythme effréné, xAi promet d’utiliser les fonds récoltés pour concevoir des “produits excitants”, pour “accélérer” la recherche et pour embaucher des ingénieurs et des chercheurs. L’entreprise souhaite aussi investir massivement dans sa propre architecture informatique, quand la plupart des acteurs du secteur préfèrent, au contraire, passer par des plateformes de cloud. Le mois dernier, Elon Musk soulignait que l’entraînement de Grok 2 allait nécessiter l’équivalent de 20.000 H100, la carte graphique de référence de Nvidia. Et pour Grok 3, la puissance informatique devra atteindre 100.000 GPU, soit un investissement d’environ 2,5 milliards de dollars. Selon The Information, le milliardaire souhaite en particulier bâtir le superordinateur d’IA le plus puissant du monde.

Contre l’IA “woke” – Elon Musk s’intéresse à l’intelligence artificielle depuis des années. En 2015, il faisait partie des fondateurs d’OpenAI, avant de claquer la porte quatre ans plus tard, en raison de batailles internes sur la gouvernance. Avec xAI, ses ambitions seront d’abord commerciales, alors que l’IA générative devrait devenir un marché important: comme ses rivales, la start-up pourrait proposer ses modèles aux entreprises qui souhaitent développer de nouvelles applications. Mais l’objectif du milliardaire est aussi politique, alors qu’il s’est déjà plaint que ChatGPT et ses rivaux étaient trop “woke” – un terme péjoratif pour désigner ceux qui luttent contre les discriminations. En clair, son IA générative doit être, comme il veut le faire depuis le rachat de Twitter, le garant d’une liberté d’expression qu’il juge menacée.

Pour aller plus loin:
– La face cachée d’OpenAI, rattrapé par de multiples polémiques
– Elon Musk dévoile son robot humanoïde


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