Par , publié le 13 juin 2022

Le Reality Labs n’échappe pas aux restrictions budgétaires en cours chez Meta, la maison mère de Facebook, qui tente de rassurer les investisseurs de Wall Street. Selon la presse américaine, plusieurs projets viennent en effet d’être abandonnés par cette division, pourtant placée au cœur de la stratégie de Mark Zuckerberg pour conquérir le métaverse, ce monde virtuel qu’il considère comme la prochaine plateforme dominante. “La route vers des produits révolutionnaires n’est pas une ligne droite”, justifie Andrew Bosworth, le directeur de la technologie et ancien patron du Reality Labs, sans confirmer directement ces informations.

Lunettes non commercialisées – Meta a d’abord décidé de réorienter sa gamme Portal, des écrans connectés, destinés aux conversations vidéo. Lancés en 2018, ils n’ont jamais trouvé leur public. Ils sont désormais redirigés vers les usages professionnels. La société a aussi stoppé le développement d’une montre connectée, dont la particularité était d’être équipée d’un écran détachable pour prendre des photos. L’appareil devait surtout lire les signaux nerveux, permettant d’interagir avec des éléments dans le métaverse. Meta va se concentrer sur des bracelets moins ambitieux. Enfin, le groupe a renoncé à commercialiser la première version de ses lunettes de réalité augmentée. Espérée pour 2024, celle-ci sera réservée aux développeurs, pour les encourager à concevoir des applications.

Moins d’embauches – Toutes ces mesures sont autant d’économies. Elles interviennent à un moment charnière pour Meta, qui accuse un net ralentissement de sa croissance, notamment en raison des nouvelles règles d’Apple sur le pistage publicitaire. Et un plongeon de son action. En avril, la société s’est engagée à dépenser trois milliards de dollars de moins que prévu en 2022. Elle a également ralenti le rythme des recrutements. L’enjeu est crucial pour Mark Zuckerberg, qui doit trouver le bon équilibre entre une ambitieuse politique d’investissement et la nécessité de soutenir le cours boursier. Car ce dernier est un élément primordial pour recruter et conserver les meilleurs ingénieurs, rémunérés en partie en actions. Et donc pour concevoir les technologies de demain.

Dix milliards de pertes – L’offensive de Meta dans le hardware n’est pas nouvelle. Elle a été lancée dès 2014 avec le rachat d’Oculus, le fabricant de casques de réalité virtuelle. Elle s’est accélérée deux ans plus tard, avec le lancement d’une division dédiée, baptisée Building 8 et dirigée par Regina Durgan, l’ancienne directrice de la Darpa, le laboratoire de recherche du Pentagone. Mais ses efforts se sont surtout accentués avec la création du Reality Labs il y a bientôt deux ans, pour prendre le virage du métaverse. L’an passé, la division a recruté 7.000 personnes. Elle compte désormais 17.000 employés, soit plus de 20% des effectifs de Meta. Et elle accuse également des pertes colossales: plus de dix milliards de dollars en 2021.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi Facebook parie autant sur le métaverse
– Facebook dévoile ses premières lunettes connectées


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