Par , publié le 16 mars 2021

Pour les géants américains de la tech, la menace la plus pressante ne vient plus de Bruxelles, pourtant très active pour tenter de limiter leur domination. Ni de Washington, malgré les récentes nominations dans l’équipe de Joe Biden. Mais de Canberra, qui s’est lancée dans une vaste enquête sur les services numériques devant s’étaler jusqu’en 2025. En fin de semaine dernière, l’ACCC, l’autorité australienne de la concurrence, a ouvert un deuxième volet: après les boutiques d’applications mobiles, elle s’intéresse désormais aux moteurs de recherche et aux navigateurs Internet. Une nouvelle fois, elle vise directement Google et Apple.

Applications par défaut – Après une période de consultation publique, le régulateur doit remettre ses conclusions et recommandations en septembre. Au gouvernement ensuite de décider de prendre des mesures. L’ACCC souhaite en particulier déterminer l’impact sur la concurrence des applications par défaut. Pour les navigateurs, il s’agit de Safari sur les Mac et terminaux iOS; et de Chrome sur les smartphones et tablettes Android. Pour les moteurs, il s’agit de Google, à la fois pour les appareils Android que ceux d’Apple. À ce titre, l’autorité va étudier le système d’enchères payantes imposé en Europe pour permettre aux utilisateurs d’Android de choisir leur moteur de recherche.

Un rapport tous les six mois – Saisie par le gouvernement début 2020, l’ACCC n’a pas fini d’inquiéter les géants de la tech. Jusqu’en 2025, elle doit en effet publier un rapport tous les six mois sur l’état de la concurrence dans le numérique. Elle doit encore se pencher sur les réseaux sociaux, les messageries, les places de marché, la publicité en ligne… Son premier rapport, qui doit être publié avant la fin du mois, est particulièrement attendu. Il porte en effet sur un sujet brûlant: la mainmise d’Apple et de Google sur les applications mobiles, dénoncée notamment par Epic Games et Spotify. Parallèlement, le parlement australien a récemment adopté une loi obligeant Google et Facebook à rémunérer les médias.

Approche ciblée – Face aux Gafa, l’Australie a donc opté pour une approche par étapes. En Europe, la Commission a fait un choix différent, avec deux grands projets, le Digital Services Act et le Digital Markets Act, pour s’attaquer de front à tous les sujets. Aux Etats-Unis, le Congrès avait également opté pour une approche générale. Plus ciblée, la méthode australienne permet d’aller beaucoup plus vite, dans l’identification des problèmes puis dans la réponse législative. Le pays possède d’autres avantages: une majorité parlementaire pour le gouvernement et des lobbys moins actifs. Si l’Australie reste un petit marché pour les groupes technologiques, ses décisions pourraient créer un élan similaire ailleurs.

Pour aller plus loin:
– Amendes, démantèlement, exclusion: l’Europe menace les géants du numérique
– Joe Biden lance un avertissement aux géants de la tech


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