Par , publié le 9 novembre 2021

Frances Haugen s’invite dans les négociations sur le Digital Services Act (DSA). Auditionnée lundi par le Parlement européen, la lanceuse d’alerte, à l’origine des “Facebook Files”, s’est livrée à un plaidoyer pour ce projet de réglementation qui doit notamment imposer de nouvelles règles de régulation des contenus. Et a prévenu que le texte devait être suffisamment “fort” et son application suffisamment “ferme” pour éviter qu’il ne soit contourné. Le DSA “peut devenir une référence, assure l’ancienne salariée de Facebook. Il peut inspirer d’autres pays, dont le mien”.

Pourparlers – Présenté fin 2020, celui-ci s’inscrit dans la volonté de Bruxelles de mieux réglementer le secteur technologique. Il est complété par le Digital Markets Act, qui vise lui à favoriser la concurrence. Les deux projets font toujours l’objet de pourparlers au Parlement européen. Faute d’accord, un premier vote, initialement prévu lundi, a été repoussé. Devant les eurodéputés, Frances Haugen a milité pour plusieurs mesures qui ne font pas encore l’unanimité. Elle s’est ainsi prononcée pour la création d’une autorité de surveillance européenne, au lieu de confier le contrôle à un seul pays, ou encore contre l’exclusion des médias des obligations de modération sur les réseaux sociaux.

Tournée européenne – Frances Haugen est sortie de l’anonymat début octobre, après avoir récupéré des milliers de documents internes prouvant, selon elle, que Facebook privilégie ses profits au bien-être et à la sécurité de ses utilisateurs. Ces fichiers sont à l’origine de plusieurs révélations embarrassantes pour le réseau social. D’autres révélations sont attendues, alors qu’un consortium de médias a récupéré une partie des documents. Déjà entendue par le Congrès américain, la lanceuse d’alerte mène désormais une tournée en Europe. Elle s’est déjà rendue à Londres, Berlin et Lisbonne. Mercredi, elle rencontrera les députés et sénateurs français.

Accusatrice crédible – Face à ces accusations, Facebook se défend de ne penser qu’à ses bénéfices, rappelant qu’il dépense plusieurs milliards de dollars par an pour modérer les contenus publiés sur ses plateformes. La société promet par ailleurs des changements, par exemple en limitant la présence de message politique sur les fils d’actualité. Mais la multiplication des interventions de Frances Haugen reste dévastatrice. Car le réseau social ne se bat plus contre des articles de presse, mais contre une ancienne employée qui apparaît sincère et crédible. Au moment même où Mark Zuckerberg tente d’ouvrir une nouvelle page, celle du metaverse, ce monde virtuel qu’il considère comme la plateforme du futur.

Pour aller plus loin:
– La lanceuse d’alerte qui fait trembler Facebook
– Amendes, démantèlement, exclusion: l’Europe menace les géants du numérique


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