Par , publié le 25 novembre 2021

2.000 chauffeurs en colère qui bloquent les rues de Bruxelles. Et qui se retrouveront dès vendredi soir sans activité. C’est la conséquence d’un arrêt de justice, qui contraint Uber à suspendre l’essentiel de ses activités de transport de passagers dans la capitale belge. La société américaine, qui n’a pas encore indiqué si elle allait se pourvoir en cassation, dénonce “une réglementation obsolète, rédigée à une époque antérieure aux smartphones”. Et surtout l’inaction du gouvernement local, accusé de vouloir protéger les taxis.

Chauffeurs particuliers – Cette décision est l’aboutissement d’une procédure déclenchée en 2014 par une compagnie de taxis, seulement quinze jours après l’arrivée d’Uber à Bruxelles. Pour ses débuts en Belgique, la plateforme avait choisi de lancer son service UberPop, qui permettait à tous les particuliers de s’improviser chauffeurs de taxi. Et qui offrait surtout des prix très inférieurs. En 2015, celui-ci avait été interdit par la justice belge, qui avait estimé qu’il violait la réglementation bruxelloise. Uber avait riposté avec un service réservé aux chauffeurs professionnels disposant d’une licence. Mais la Cour d’appel de Bruxelles vient de juger que l’interdiction de 2015 devait aussi s’appliquer.

Réforme – Cette décision de justice ne concerne que les chauffeurs basés dans la région Bruxelles-Capitale. Il sera ainsi toujours possible pour les conducteurs des provinces voisines de transporter des passagers dans le ville. Leur nombre, estimé à une centaine, sera cependant bien trop faible pour permettre à l’application de fonctionner normalement. En outre, les prix devraient s’envoler si Uber applique son principe de tarification dynamique (les prix augmentent lorsque la demande est supérieure à l’offre). Pour sortir de l’impasse, l’entreprise américaine espère une réaction des pouvoirs publics. Longtemps attendu, un projet de réforme du secteur est à l’étude.

Modèle menacé – Ce n’est pas la première fois qu’Uber doit interrompre ses activités dans une grande ville européenne. En 2019, par exemple, la société avait temporairement perdu sa licence à Londres. Petit à petit cependant, elle a réussi à imposer sa présence sur le continent. La principale menace est désormais ailleurs. C’est la remise en cause de son modèle économique, basé sur l’utilisation de travailleurs indépendants. En début d’année, suite à un jugement de la Cour suprême britannique, Uber a dû accorder le statut de travailleur à tous ses chauffeurs dans le pays. Un jugement similaire a ensuite été rendu aux Pays-Bas. Et au Portugal, un projet de loi pourrait lui imposer de salarier ses chauffeurs.

Pour aller plus loin:
– Au Royaume-Uni, Uber capitule devant ses chauffeurs
– Uber devient rentable… sur une base ajustée


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