Par , publié le 9 décembre 2021

Le montant est spectaculaire. Jeudi, l’autorité italienne de la concurrence (AGCM) a infligé la plus grosse amende de son histoire à Amazon, condamné à verser 1,13 milliard d’euros. Elle lui reproche d’avoir discriminé les vendeurs tiers n’utilisant pas ses services de logistique, ce qui représente à ses yeux un abus de position dominante sur ce marché. Déjà sanctionné fin novembre dans un autre dossier, le géant américain du commerce en ligne dénonce une amende “injustifiée et disproportionnée”. Il a immédiatement annoncé son intention de faire appel.

“Expédié par Amazon” – Déclenchée en 2019, l’enquête de l’AGCM portait sur le programme “Fulfillment by Amazon” (FBA, “expédié par Amazon” en français), qui permet de déléguer l’intégralité de la chaîne logistique. La société s’occupe alors du stockage de l’inventaire, de l’envoi des commandes et de la gestion des retours. Elle facture des commissions de quelques euros sur chaque produit expédié. Le service est désormais utilisé par la majorité des vendeurs tiers présents sur la marketplace d’Amazon – qui représente, elle, plus de 60% des achats réalisés sur le site. Selon les estimations de Morgan Stanley, FBA devrait ainsi générer 45 milliards de dollars de recettes en 2021, avec des marges plus élevées.

“Boite d’achat” – Le problème, selon l’AGCM, c’est que les vendeurs optent en partie pour le service, et non pour un concurrent, par nécessité: ils estiment que celui-ci est indispensable pour doper leurs ventes. S’ils passent par FBA, ils bénéficient en effet d’une note plus élevée qui augmente leur visibilité sur les résultats de recherche et dopent leur chance d’apparaître dans la “boite d’achat”, le bouton jaune placé à droite qui permet d’acheter directement un produit. Les clients de FBA sont également éligibles au programme Prime, qui offre la livraison gratuite aux clients d’Amazon. C’est cette différence de traitement avec les vendeurs qui utilisent un autre réseau logistique qui constitue un abus de position dominante.

Enquête européenne – Le gendarme italien demande à Amazon de mettre fin à ces pratiques. Son amende s’ajoute à celle de 746 millions d’euros infligée cet été au Luxembourg pour non-respect de la réglementation européenne sur les données personnelles. Elles pourraient ne pas être les dernières. Fin 2020, la Commission européenne a en effet lancé deux procédures antitrust contre le groupe de Seattle. La première cherche à déterminer si Amazon utilise les données collectées sur sa marketplace pour court-circuiter les vendeurs tiers. La deuxième porte sur la “boîte d’achat”. Comme l’AGCM, Bruxelles soupçonne Amazon de favoriser les marchands clients de FBA.

Pour aller plus loin:
Amazon poursuivi pour pratiques anticoncurrentielles
– Andy Jassy prend les commandes d’Amazon


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