Par , publié le 5 septembre 2022

Croissance en berne, pertes abyssales, cours boursier en chute libre… Face à une situation financière difficile, Snap va mener un vaste plan social, touchant 20% de ses effectifs. Cela représente environ 1.300 emplois supprimés. “Nous devons désormais assumer les conséquences de notre faible croissance”, justifie Evan Spiegel, son fondateur et patron. La maison mère de Snapchat entend ainsi recentrer son activité, en abandonnant plusieurs projets annexes. C’est le cas notamment du drone photo Pixy, lancé il y a seulement quatre mois. Ou encore des séries originales qu’elle produisait. Snap va par ailleurs fermer deux filiales, dont l’application française de géolocalisation Zenly, rachetée en 2017 pour 213 millions de dollars.

Plongeon boursier – Depuis le début de l’année, la société californienne accuse un net ralentissement de sa croissance. Au deuxième trimestre, son chiffre d’affaires n’a augmenté que de 13%, la plus mauvaise performance depuis son introduction en Bourse il y a cinq ans. Et Snap a déjà prévenu que le troisième trimestre devrait être encore moins bon. En 2021, sa croissance dépassait encore les 60%. Dans le même temps, ses pertes se sont fortement creusées: entre avril et juin, elles se sont chiffrées à 422 millions de dollars, soit quasiment autant que sur l’ensemble de l’année dernière. En Bourse, les investisseurs ont perdu confiance: depuis le point haut touché il y a un an, l’action de l’entreprise a chuté de plus de 85%.

Budgets publicitaires – Snap doit affronter de nombreux vents contraires. Elle est d’abord rattrapée par le contexte macroéconomique. L’inflation, la crainte d’une récession et les problèmes d’approvisionnement se répercutent sur les budgets publicitaires. L’application au fantôme jaune est également pénalisée par les nouvelles règles d’Apple sur le pistage publicitaire, qui privent les annonceurs des outils traditionnels pour cibler un public précis et pour mesurer l’efficacité de leurs publicités. Enfin, Snap subit la concurrence de TikTok, qui limite sa capacité à attirer de nouveaux adeptes aux Etats-Unis et en Europe. Mais aussi à séduire les annonceurs, alors que son rival a fortement accéléré son processus de monétisation.

Réalité augmentée – Snap doit trouver de nouveaux relais de croissance. Ses dirigeants misent beaucoup sur la réalité augmentée, déjà intégrée à l’application par l’intermédiaire de filtres. Ils espèrent faire émerger une nouvelle expérience de shopping, en permettant par exemple d’essayer des habits avant de les acheter. Et ainsi pousser les marques à acheter davantage de publicités pour doper leurs ventes. Pour le moment cependant, cette technologie ne génère qu’un chiffre d’affaires limité. À plus long terme, la société espère surtout imposer, comme Facebook ou Apple, ses lunettes de réalité augmentée. Mais cela va nécessiter d’importants investissements, que Snap ne peut désormais se permettre qu’en réduisant d’autres dépenses.

Pour aller plus loin: 
– La spectaculaire dégringolade boursière des valeurs tech
– Facebook et Snapchat pénalisés par les règles publicitaires d’Apple


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