Coup de massue pour les start-up de livraison ultrarapide en France. Sous la pression des élus locaux, le gouvernement a tranché: les dark stores, ces magasins fantômes qui se sont multipliés dans les centres-villes, doivent bien être considérés comme des entrepôts. Cette précision, qui fera l’objet d’un arrêté au cours des prochains jours, est importante: elle met fin à un flou juridique dans lequel s’étaient engouffrés Getir, GoPuff, Gorillas ou encore Flink. Elle va surtout permettre aux municipalités d’encadrer leur implantation. À Paris, la mairie a déjà indiqué qu’elle exigerait la fermeture de dizaines d’entrepôts qu’elle juge illégaux.
Critique des riverains – Les dark stores sont au cœur du modèle de ces nouveaux acteurs, qui ambitionnent de révolutionner les courses en surfant sur un changement des habitudes des consommateurs pendant la crise sanitaire. Ces entrepôts urbains ressemblent à de petits supermarchés, regroupant quelques milliers de références, essentiellement des produits du quotidien. Ils n’accueillent pas de clients: des opérateurs récupèrent les produits commandés dans les rayons avant de les transmettre aux livreurs. Situés au plus près des clients, ils permettent de tenir des délais de livraison raccourcis: seulement 15 à 20 minutes. Mais ils suscitent la colère des riverains, qui dénoncent notamment des nuisances sonores.
Hausse des coûts – De nombreux dark stores ont été installés en centre-ville dans des locaux à usage commercial, qui ne peuvent pas abriter des entrepôts. Ces sites devront, théoriquement, fermer leurs portes. À Paris, les start-up de livraison devraient ainsi être contraintes de s’exiler dans des zones définies par la municipalité ou en banlieue. Dans les deux cas, les dark stores se retrouveront à une distance plus importante des clients. Cela se répercutera sur les délais de livraison. Et provoquera une hausse des coûts car les livreurs, le plus souvent employés, mettront plus de temps à arriver à destination. Cette nouvelle donne pourrait ainsi avantager Uber et Deliveroo, qui s’appuient sur un modèle différent.
Vague de licenciements – L’annonce du gouvernement français s’ajoute à un contexte déjà difficile. Dopés par d’importantes levées de fonds, les spécialistes de la livraison ultrarapide ont longtemps dépensé sans compter pour s’implanter rapidement dans de nombreuses villes, puis pour gagner des parts de marché. Mais les investisseurs ne se bousculent plus, les plans sociaux se multiplient et des marchés sont abandonnés. Au-delà, c’est tout le modèle économique qui est remis en cause. La croissance de ces services a été stimulée par des promotions, aussi nombreuses que généreuses. La distribution alimentaire génère des marges très faibles. Et le panier moyen n’est pas assez élevé pour absorber les coûts de livraison.
Pour aller plus loin:
– La start-up française de livraison Cajoo rachetée par Flink
– La livraison ultrarapide de courses en pleines turbulences