Par , publié le 17 octobre 2022

Trevor Milton risque gros. Reconnu coupable la semaine dernière de fraude, le fondateur et ancien patron de Nikola encourt désormais jusqu’à 20 ans de prison – soit autant qu’Elizabeth Holmes, la créatrice de la start-up Theranos condamnée en début d’année. La justice américaine a estimé qu’il avait volontairement trompé les investisseurs du constructeur de véhicules électriques, qui se rêve en rival de Tesla. Pendant plusieurs années, il a en effet multiplié les déclarations mensongères et les promesses intenables, notamment sur les réseaux sociaux. “Un véritable escroc”, devenu milliardaire, selon le procureur général.

Concurrent de Tesla – Fondé en 2014, Nikola s’est d’abord fait connaître pour son projet de camions propulsés à l’hydrogène, une technologie encore peu développée mais qui suscite de nombreux espoirs. La société est passée dans une autre dimension en présentant début 2020 un pick-up électrique, un produit grand public qui doit lui permettre de rentrer en concurrence frontale avec le Cybertruck de Tesla. Quelques mois plus tard, elle s’introduit en Bourse. Et profite de l’euphorie des marchés pour le secteur. Sa capitalisation boursière culmine brièvement à 34 milliards de dollars, davantage alors que Ford ! Elle est aujourd’hui inférieure à 1,5 milliard.

Rapport accablant – La chute de Trevor Milton commence en septembre 2020. À peine une semaine après l’annonce d’un partenariat d’envergure avec General Motors, Nikola est accusé de fraude par Hindenburg Research, un fonds short seller, spécialisé dans la recherche des fraudes ou des erreurs comptables. Le rapport est accablant pour la société et pour son directeur général. “Nous n’avions jamais vu un tel niveau de tromperie au sein d’une entreprise cotée”, assure-t-il. Dans la foulée, une enquête est ouverte par les autorités boursières américaines. Et Trevor Milton est contraint à la démission. Surtout, General Motors fait marche arrière, renonçant aussi à investir deux milliards de dollars dans Nikola.

“Technologie révolutionnaire” – La justice américaine reproche à l’ancien patron d’avoir exagéré les avancées technologiques du constructeur. Il assurait, par exemple, pouvoir produire de l’hydrogène vert pour un coût inférieur à celui du diesel. Nikola n’a en réalité jamais produit d’hydrogène. Trevor Milton vantait également une “technologie révolutionnaire” pour les batteries, qui n’a en fait jamais existé. Et il mettait en avant des milliards de dollars de commandes fermes, quand il ne s’agissait que de précommandes pouvant être facilement annulées. Sans son fondateur, la société ne se focalise plus que sur les semi-remorques. Mais elle continue d’accuser de lourdes pertes.

Pour aller plus loin:
– Un troisième fabricant de voitures électriques accusé de fraude
– Accusé de fraude, le patron de Lordstown prend la porte


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