Par , publié le 3 novembre 2022

Brendan Carr ne désarme pas. Fervent critique de TikTok, le patron de la Federal Communications Commission (FCC), le gendarme américain des télécoms, réclame désormais son bannissement aux États-Unis. “Il n’y a pas d’autre solution” pour s’assurer que les données des utilisateurs américains “ne finissent pas dans les mains du parti communiste chinois”, explique-t-il dans un entretien accordé à Axios. Cet été, il avait déjà demandé à Apple et à Google de retirer la plateforme de courtes vidéos de leurs boutiques d’applications. Si le responsable ne dispose d’aucun pouvoir pour agir, son appel accentue la pression alors que TikTok négocie un accord avec l’administration Biden.

Espionnage – Les inquiétudes de Brendan Carr sont partagées par une grande partie de la classe politique américaine. Elles ont été renforcées cet été après la publication d’une enquête de BuzzFeed News, affirmant que des employés de ByteDance, la maison mère chinoise de l’application, avaient eu accès à des données collectées aux États-Unis. “Seulement des données non sensibles”, avait alors répondu Shouzi Chew, le patron de TikTok. Pas suffisant pour rassurer ceux qui redoutent un potentiel espionnage du gouvernement chinois. D’autres élus craignent la popularité croissante de la plateforme, qui pourrait être utilisée pour mener des campagnes d’influence, au profit de Pékin, par l’intermédiaire de son algorithme de recommandation.

Accord préliminaire – En 2020, TikTok avait été dans le viseur de l’administration Trump, qui souhaitait une vente à un groupe américain. Pour forcer la main à ByteDance, plusieurs décrets prévoyaient d’interdire l’application aux États-Unis. Un compromis avait alors été trouvé pour céder une partie de l’entreprise à Oracle et à Walmart. Finalement, aucune opération n’a eu lieu. TikTok a été sauvé par des décisions de justice favorables. Puis par la défaite de Donald Trump lors de l’élection présidentielle. Son successeur, Joe Biden, avait annulé les décrets de bannissement. Depuis, TikTok négocie des mesures avec le puissant Comité sur les investissements étrangers. Selon le New York Times, un accord préliminaire vient d’être conclu.

Nouvelle menace ? – Celui-ci prévoit que les données des utilisateurs américains soient désormais exclusivement hébergées aux États-Unis dans le cloud  d’Oracle. Par ailleurs, seuls des employés américains pourront avoir accès aux données sensibles. Les autres données pourront toujours être consultées par les équipes chinoises.“Il n’existera jamais suffisamment de protection”, rétorque Brendan Carr. Un sentiment partagé par plusieurs parlementaires. La menace pesant au-dessus de TikTok pourrait encore monter d’un cran après les élections de la semaine prochaine. Les républicains, qui ont adopté une ligne plus dure contre la Chine, sont bien placés pour reprendre le contrôle du Congrès. Ils seraient alors en mesure de remettre en cause l’accord entre TikTok et l’administration Biden.

Pour aller plus loin:
TikTok se dote d’un nouveau patron pour accélérer sa monétisation
– Malgré Trump, le chiffre d’affaires de ByteDance s’envole


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