Par , publié le 27 novembre 2022

Elon Musk a vite oublié ses promesses. Après avoir rétabli le compte de Donald Trump, et ceux de plusieurs personnalités controversées, le nouveau patron de Twitter a annoncé une “amnistie générale” pour les utilisateurs suspendus, hormis ceux qui se sont livrés au spam ou qui ont enfreint la loi – une condition beaucoup plus restrictive que le non-respect des conditions d’utilisation. Un pari très risqué, qui devrait alimenter la défiance, déjà grande, des annonceurs. Sur la forme, elle ne fait que renforcer l’idée de décisions impulsives et arbitraires, prises uniquement sur la base de sondages menés sur Twitter, pouvant facilement être manipulés. Alors même qu’Elon Musk avait promis la mise en place d’un conseil avant de prendre des mesures importantes sur la modération.

“Prisonniers d’Arkham” – Sur le fond, cette amnistie menace de remettre en cause tout le travail accompli par la société pour assainir sa plateforme des contenus haineux ou de la désinformation. D’autant plus que les équipes de modération ont été fortement touchées par les récents licenciements. Cette amnistie revient à “libérer les prisonniers de l’asile d’Arkham après le départ des deux tiers des policiers de Gotham”, estime Alex Stamos, l’ancien responsable de la sécurité de Facebook, en référence à l’univers de Batman. Et de demander à Elon Musk s’il allait aussi rétablir les comptes utilisés pendant les campagnes d’influence menées par les services secrets russes, chinois, iraniens et américains. “La plupart des réseaux d’influence gouvernementaux n’enfreignent pas les lois américaines”, souligne-t-il.

Abonnements – Les grands annonceurs devraient donc être encore plus prudents avant de poursuivre ou relancer leurs campagnes publicitaires. Pour surmonter ce problème, Elon Musk mise sur une hausse de l’audience, dopée par une modération plus souple. Celle-ci atteindrait d’ailleurs des niveaux records – ce qui s’explique probablement davantage par la Coupe du monde de football. Le patron de Twitter mise sur un milliard d’utilisateurs en 2024. Une audience, espère-t-il, que les annonceurs ne pourront plus continuer à ignorer. Cela doit aussi ouvrir un nouveau relais de croissance: les abonnements, qui doivent à terme représenter la moitié du chiffre d’affaires. Suspendu en raison de multiples usurpations d’identité, Twitter Blue doit faire son retour cette semaine avec des garde-fous.

Boutiques d’applications – La hausse redoutée des messages problématiques ne risque pas seulement de faire fuir les annonceurs. Elle pourrait entraîner un exode de certains utilisateurs. Mais aussi précipiter un conflit avec Apple et Google, prévient Yoel Roth, l’ancien responsable de la sûreté de Twitter, qui a quitté son poste il y a deux semaines.“Avant mon départ, les appels des équipes d’examen des applications avaient déjà commencé”, assure-t-il. L’App Store et le Play Store, les boutiques d’applications des deux géants américains, disposent en effet de règles sur la modération, qui ont déjà conduit à l’exclusion du réseau social Parler. Il faudrait cependant de graves débordements avant qu’Apple ou Google ne prennent une telle sanction contre Twitter. Elon Musk, lui, a déjà prévenu: il lancerait alors son propre smartphone.

Pour aller plus loin:
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