Par , publié le 18 décembre 2022

TikTok n’est toujours pas tiré d’affaires aux États-Unis. Mardi, trois parlementaires américains ont présenté un projet de loi pour interdire la populaire application de courtes vidéos, filiale du groupe chinois ByteDance. “Il n’y a plus de temps à perdre en négociant avec une marionnette du parti communiste chinois”, justifie le sénateur républicain Marco Rubio. Cette initiative a peu de chances d’aboutir: même si elle était adoptée par le Congrès, il est très probable qu’elle ne soit pas promulguée par le président Joe Biden. Elle accentue cependant la pression sur la Maison blanche, qui cherche actuellement un accord avec TikTok pour assurer la sécurité des données des utilisateurs américains. Mais qui a bien du mal à rassurer.

Espionnage – Ces inquiétudes ne se limitent pas à la classe politique américaine. Elles existent aussi au sein de l’administration Biden, notamment du département à la Justice et du FBI. Elles ont été renforcées cet été par une enquête de BuzzFeed News, qui affirmait que des employés de ByteDance avaient eu accès à des données collectées aux États-Unis. “Seulement des données non sensibles”, avait alors répondu Shouzi Chew, le patron de TikTok. Pas suffisant pour rassurer ceux qui redoutent un potentiel espionnage du gouvernement chinois. D’autres craignent la popularité croissante de la plateforme, qui pourrait être utilisée pour mener des campagnes d’influence, au profit de Pékin, par l’intermédiaire de son algorithme de recommandation.

Accord préliminaire – En 2020, TikTok avait été dans le viseur de l’administration Trump, qui souhaitait une vente à un groupe américain. Pour forcer la main à ByteDance, plusieurs décrets prévoyaient d’interdire l’application aux États-Unis. Un compromis avait alors été trouvé pour céder une partie de l’entreprise à Oracle et à Walmart. Finalement, aucune opération n’avait eu lieu. TikTok avait été sauvé par des décisions de justice favorables. Puis par la défaite de Donald Trump lors de l’élection présidentielle. Son successeur, Joe Biden, avait annulé les décrets de bannissement. Depuis, TikTok négocie des mesures avec le puissant Comité sur les investissements étrangers. Un accord préliminaire aurait été trouvé, mais n’a pas encore été finalisé car il divise les responsables américains.

Nouvelle menace ? – Celui-ci prévoit que les données des utilisateurs américains soient désormais exclusivement hébergées aux États-Unis dans le cloud d’Oracle. Par ailleurs, seuls des employés américains pourront avoir accès aux données sensibles. Les autres données pourront toujours être consultées par les équipes chinoises.“Il n’existera jamais suffisamment de protection”, rétorque Brendan Carr, le patron de la Federal Communications Commission (FCC), le gendarme américain des télécoms. “Il n’y a pas d’autre solution” que d’interdire TikTok, assure-t-il ainsi. Une hypothèse encore très improbable. En attendant, le Sénat vient de voter à l’unanimité un projet de loi pour bannir l’application des smartphones gouvernementaux.

Pour aller plus loin:
– TikTok se lance dans le shopping en direct aux États-Unis
– TikTok n’échappe pas au ralentissement du marché publicitaire


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