Deux ans après son offensive dans la vente de médicaments aux États-Unis, Amazon reste un acteur mineur sur ce gigantesque marché, qui n’a pas encore effectué la bascule vers Internet. Pour y remédier, le géant du commerce en ligne a lancé la semaine dernière une nouvelle offre par abonnement, qui permet de recevoir à domicile des médicaments génériques sur ordonnance. Son prix est particulièrement attractif: cinq dollars par mois, peu importe le nombre de traitements. Et sans frais de livraisons supplémentaires. Baptisé RxPass, ce service n’est proposé qu’aux abonnés à Prime, qui permet aussi de bénéficier de la livraison gratuite. Il propose une cinquantaine de médicaments permettant de traiter plus de 80 maladies, comme l’hypertension artérielle, le diabète ou l’anxiété.
Faible part de marché – Amazon promet des économies significatives, même par rapport aux tarifs après le remboursement partiel par une assurance santé. Son offre est également plus compétitive que celle proposée par Walmart (à partir de 4 dollars par mois pour un seul traitement). À ce prix cependant, il est peu probable que la société de Seattle puisse gagner de l’argent. Mais l’important est ailleurs: accroître sa part de marché, aujourd’hui minuscule – moins de 2% des médicaments livrés à domicile, selon les estimations du cabinet JD Power. Le secteur, qui génère plus de 300 milliards de dollars par an, est encore dominé par les acteurs historiques: les grandes chaînes de pharmacies, en particulier CVS et Walgreens, et les grands distributeurs, comme Walmart et Kroger.
Rachat de PillPack – Le groupe lorgne le marché depuis longtemps. En 1999, il a investi dans un site qui permettait de commander des médicaments en ligne et d’aller les récupérer dans une pharmacie. Quinze ans plus tard, un premier projet de lancement échoue. Les préparatifs reprennent à partir de 2017. L’année suivante, Amazon franchit une étape en dépensant 750 millions de dollars pour racheter la start-up PillPack, qui envoie les médicaments dans des sachets individuels correspondant à chaque jour de traitement. Mais ce service n’a jamais été intégré à son site, limitant ainsi sa portée. En 2020, l’e-commerçant lance enfin sa propre pharmacie en ligne, promettant jusqu’à 80% de réduction sur les médicaments achetés sans passer par une assurance santé.
Rude concurrence – Habitué à chambouler l’ordre établi, Amazon est cette fois-ci à la peine. D’abord, parce que les pharmacies ont eu le temps de se préparer à son arrivée. CVS et Walgreens proposent désormais de livrer les médicaments à domicile, dès qu’ils reçoivent une ordonnance transmise par un médecin. Ensuite, parce que le secteur est extrêmement complexe et repose sur des relations entre assureurs, pharmacies, laboratoires et intermédiaires. Autres freins: la relation de confiance avec son pharmacien ou encore le caractère sensible des données médicales. Sans oublier que les malades ne peuvent pas toujours attendre leurs médicaments pendant deux jours. Mais Amazon ne renonce pas: il va racheter le réseau de cabinets OneMedical pour près de 4 milliards de dollars.
Pour aller plus loin:
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