Deliveroo poursuit sa politique de baisse des dépenses. Après avoir délaissé plusieurs marchés, la plateforme britannique de livraison de repas va se séparer d’environ 350 employés, soit environ 9% de ses effectifs. “Le monde dans lequel nous évoluons a changé”, justifie Will Shu, son fondateur et patron, qui cite en particulier un contexte économique difficile pesant sur les dépenses des consommateurs. Face au ralentissement de sa croissance et au plongeon de son action depuis le flop de son introduction en Bourse en 2021, la société souhaite désormais mettre le cap sur la rentabilité. “Nous sommes sur la bonne voie mais nous devons aller encore plus loin”, souligne Will Shu, soulignant que “les coûts fixes sont trop importants”.
Coup d’arrêt brutal – Comme l’ensemble du secteur, Deliveroo a connu un bond spectaculaire des livraisons pendant la crise sanitaire. En seulement deux ans, son volume de transactions s’est envolé de 250%, passant de 2,5 milliards de livres en 2019 à 6,3 milliards en 2021 (de 2,8 à 7,1 milliards d’euros). Depuis, la réouverture des restaurants et la fin des pass vaccinaux se sont traduites par un coup d’arrêt brutal de la croissance. Cet effet de rattrapage post-Covid a été aggravé par l’envolée de l’inflation et par les craintes d’une prochaine récession. Malgré ses efforts dans la livraison ultrarapide de courses, le nombre de commandes enregistrées par Deliveroo a ainsi reculé de 2% au quatrième trimestre, sans prendre en compte l’arrêt des activités en Australie et aux Pays-Bas.
Rentabilité – L’abandon de ces deux marchés, sur lesquels les pertes s’accumulaient, symbolise un changement de stratégie. Pour s’adapter au nouvel environnement, la société privilégie désormais l’amélioration de ses performances opérationnelles à la croissance de ses ventes. Les résultats sont positifs. Sur les six derniers mois de 2022, Deliveroo a atteint l’équilibre sur une base ajustée, contre une perte de 68 millions de livres au cours des six mois précédents. Cette évolution s’explique aussi par une hausse des commissions prélevées sur chaque commande. Et par la croissance de ses recettes publicitaires, qui génèrent des marges élevées. Deliveroo continue cependant d’accuser une importante perte nette. Mais ses dirigeants promettent de la réduire cette année.
Statut des livreurs – Si la situation financière de l’entreprise s’améliore lentement, un risque majeur continue de peser. Fin 2021, la Commission européenne a présenté un projet de directive pour réglementer les conditions de travail des travailleurs indépendants. Elle propose en particulier d’accorder le statut de salarié aux chauffeurs et aux livreurs, leur garantissant un salaire minimum, des congés payés et une protection sociale. Le coût pour l’ensemble du secteur pourrait atteindre 4,5 milliards d’euros par an. Ces changements doivent encore être négociés avec le Parlement européen et, surtout, avec les gouvernements des Vingt-Sept. “Nous pensons que le texte final sera proche de notre manière d’opérer”, rassure Will Shu.
Pour aller plus loin:
– Deliveroo condamné en France pour “travail dissimulé”
– Plus de 100.000 licenciements dans la tech en 2022
