Par , publié le 7 novembre 2022

Le chiffre est spectaculaire. Depuis le début de l’année, les licenciements dans le secteur technologique se chiffrent à plus de 100.000, selon les décomptes du site layoffs.fyi. Cette barre a été franchie la semaine dernière, après une impressionnante vague de plans sociaux: 3.700 postes supprimés chez Twitter, 1.000 chez Stripe, 700 chez Lyft, 226 chez Booking… Tous les types d’entreprises sont touchés. Les grands groupes cotés qui cherchent à soutenir leur cours boursier en chute libre. Mais aussi les start-up qui peinent à lever des fonds pour financer leur croissance. Cette tendance devrait se poursuivre. Selon le Wall Street Journal, Facebook pourrait annoncer un vaste plan social cette semaine. Des licenciements sont également attendus chez Intel.

“Nous avons trop embauché” – Depuis le début de l’année, le site layoffs.fyi recense 853 plans sociaux dans la tech, contre seulement 42 en 2021. Cette vague de licenciements succède à une période d’euphorie, en partie provoquée par la crise sanitaire qui a accéléré la numérisation de certaines activités. Les start-up ont ainsi pu lever des sommes colossales. Et les sociétés cotées ont vu leur capitalisation s’envoler. De quoi pousser certains dirigeants à investir et à recruter massivement, sans se soucier des lendemains. “Nous avons trop embauché”, reconnaît aujourd’hui Patrick Collison, le patron de Stripe. L’amélioration de la situation sanitaire, l’envolée de l’inflation et les craintes d’une récession ont rappelé tout le monde à la réalité. Avec comme symbole, la baisse inattendue du commerce en ligne.

Repli des levées – Depuis un an, le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine a entraîné un plongeon vertigineux des valeurs technologiques en Bourse. Cela se traduit désormais par un repli important des levées de fonds, notamment parce que les fonds de capital-risque, qui disposent pourtant encore de milliards à investir, se montrent beaucoup plus exigeants avant de miser sur une start-up. Les sociétés qui présentent les bilans comptables les moins solides doivent rapidement s’adapter. Elles doivent limiter leurs dépenses pour abaisser leur burn rate, le cash qu’elles consomment tous les mois. Plus le contexte morose perdure, et plus les mesures d’économies, et donc les licenciements, s’accélèrent.

Gel des embauches – Sans surprise, les Etats-Unis cumulent la grande majorité des plans sociaux annoncés en 2022. L’Europe n’est pas épargnée, à l’image de la start-up suédoise Klarna ou des plateformes de livraison de courses. En revanche, la France est encore peu touchée, notamment parce qu’il est plus difficile de recruter et de licencier. Ces 100.000 suppressions de postes ne signifient pas que l’emploi sur le secteur tech a diminué d’autant depuis le début de l’année. Car d’autres sociétés continuent de recruter. Mais le rythme des embauches commence à ralentir. Et pas seulement chez les start-up, qui doivent préserver leur trésorerie. Ces dernières semaines, Apple, Google ou encore Amazon ont gelé une partie de leurs recrutements.

Pour aller plus loin:
– Forte baisse des levées de fonds pour les start-up
– La French Tech ne s’alarme pas (encore)


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