Par , publié le 10 octobre 2022

S’il fallait encore une preuve chiffrée de la fin de l’euphorie pour les start-up, la voilà. Au troisième trimestre, les levées de fonds ont fortement chuté dans le monde, culminant à 81 milliards de dollars (83,2 milliards d’euros), selon les données collectées par Crunchbase. Très loin des 172 milliards récoltés sur la même période en 2021. Et encore plus loin du record historique de 186 milliards établi le trimestre suivant. Le montant des tours de table est même retombé à son plus bas niveau depuis début 2020. Ce net ralentissement, qui n’épargne aucun pays, est encore plus marqué pour les start-up matures, dont les valorisations ont atteint des niveaux qui apparaissent aujourd’hui injustifiés.

Politique monétaire – À l’origine de ce brutal retournement: le spectaculaire plongeon des valeurs technologiques en Bourse, lié au resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine, dont la politique accommodante avait été l’un des principaux catalyseurs de l’euphorie des marchés. “Le sentiment des investisseurs n’a jamais été aussi bas depuis la bulle Internet” du début des années 2000, souligne David Sacks, l’un des fondateurs de Paypal. La chute des capitalisations boursières incite désormais les fonds à davantage de prudence avant d’investir dans les start-up, en particulier dans celles qui sont le plus proches d’une entrée en Bourse. C’est notamment le cas pour Softbank et Tiger Global, qui étaient jusqu’à récemment les investisseurs les plus actifs.

Plus de 700 plans sociaux – Pour les start-up, cette nouvelle donne se traduit par davantage de difficultés pour financer leur phase de croissance, qui provoque généralement d’importantes pertes. D’autant plus que l’argent facile a poussé certains dirigeants à investir et à embaucher massivement, sans se soucier des lendemains. Les sociétés qui présentent les bilans comptables les moins solides doivent rapidement s’adapter. Elles doivent limiter leurs dépenses pour abaisser leur burn rate, le cash qu’elles consomment tous les mois. Cela passe notamment par des licenciements. Le site layoffs.fyi recense ainsi plus de 700 plans sociaux cette année, principalement aux Etats-Unis, contre seulement 42 sur l’ensemble de l’année 2021.

“Les vannes vont s’ouvrir” –  La baisse des levées de fonds impacte aussi les valorisations. Selon Crunchbase, seulement 37 start-up ont dépassé la barre symbolique du milliard de dollars au troisième trimestre. Elles avaient été 163 à le faire un an plus tôt. Et d’autres sociétés, comme la suédoise Klarna, ont dû accepter de réduire leur valorisation. Pourtant, les plus optimistes veulent croire à un retournement rapide. Pour une raison simple: les fonds de capital-risque ont accumulé une montagne de liquidités qu’ils vont devoir investir prochainement dans des start-up. Selon les estimations de Pitchbook, ces réserves se chiffrent à 290 milliards de dollars, un montant record. “Les vannes finiront par s’ouvrir”, prédit ainsi l’investisseur Jon Sakoda, interrogé par The Information

Pour aller plus loin:
– Le secteur tech touché par une vague de plans sociaux
– Softbank coupe ses investissements dans les start-up


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