Par , publié le 29 mars 2023

C’est une passation de témoin hautement symbolique qui va avoir lieu ce samedi à la tête de Huawei. Dans le cadre de la présidence tournante, Meng Wanzhou va prendre la co-direction du groupe chinois pour six mois. Fille du fondateur Ren Zhengfei et ancienne directrice financière, elle avait été arrêtée au Canada en 2018, à la demande des autorités américaines qui l’accusaient alors d’avoir contourné l’embargo contre l’Iran. Le début d’une longue crise géopolitique, conclue trois ans plus tard par un retour triomphal en Chine, qui s’est entremêlée avec les lourdes sanctions prononcées par Washington à l’encontre de Huawei. Touché, le groupe de Shenzhen a réussi à stopper l’hémorragie grâce à ses investissements en recherche et développement. Mais il est menacé par un alourdissement des sanctions.

Liste noire – Accusé d’espionnage au profit de Pékin, Huawei a été placé en septembre 2020 sur une liste noire par les États-Unis, lui interdisant, sauf dérogation, toute relation commerciale avec les fournisseurs américains. Mais aussi avec les fournisseurs étrangers qui utilisent des technologies américaines. Par conséquent, Huawei ne peut plus équiper ses smartphones du système Android ou acheter des puces 5G à Qualcomm. Alors qu’elle venait de ravir la première place du marché à Samsung, la marque a vu ses ventes s’effondrer – tombant quasiment à zéro hors de Chine. Et sur le marché des équipements de réseau, le deuxième pilier de son activité, elle a été exclue du déploiement de la 5G dans de nombreux pays, dont la France. L’impact a été brutal: en 2021, son chiffre d’affaires a plongé de 29%.

Nouvelles activités – L’an passé, ses recettes se sont stabilisées, notamment grâce aux gains enregistrés par sa division cloud. Pour renouer avec la croissance, Huawei a choisi de réorienter ses efforts. Et de miser encore plus massivement sur la R&D, dont les dépenses représentent plus de 25% du chiffre d’affaires. Le groupe s’est lancé sur de nouveaux marchés, comme les onduleurs solaires, un élément essentiel pour convertir l’énergie photovoltaïque, et les lidars, le système de lasers des véhicules autonomes. Il produit aussi des voitures électriques, en partenariat avec le constructeur Seres. Ses ambitions pourraient cependant être contrariées: selon Reuters, les États-Unis ne vont plus accorder les licences d’exportation qui lui permettaient encore d’acheter certaines puces et microprocesseurs.

Production de puces – Huawei avait anticipé cette menace. Depuis trois ans, la société a remplacé 13.000 composants par des alternatives chinoises, pas concernées par les sanctions américaines, assurait récemment Ren Zhengfei. Surtout, elle cherche à produire ses propres composants. Elle a déjà développé des logiciels de conception qui pourraient lui permettre de graver des puces en 14 nm, suffisantes pour de nombreux produits électroniques. À plus long terme, Huawei veut aussi fabriquer des machines de photolithographie, dont l’exportation vers la Chine est désormais limitée. Elle viserait notamment la technique de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême, indispensable pour réaliser les gravures les plus fines. Et aujourd’hui seulement maîtrisée par le néerlandais ASML.

Pour aller plus loin:
– La Chine attaque les restrictions américaines sur les puces devant l’OMC
– Face aux sanctions américaines, Huawei vend sa marque Honor


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité