Par , publié le 8 mai 2023

Deux ans après avoir touché son apogée, en pleine crise sanitaire, Clubhouse veut changer pour repartir de l’avant. Fin avril, la plateforme de discussions audio a ainsi annoncé un “reset”, qui doit déboucher sur la création d’un nouveau concept. Et qui se traduit, en attendant, par le licenciement de la moitié de ses effectifs, soit une cinquantaine d’emplois supprimés. “Pour trouver sa place dans le monde [post-Covid], le produit doit évoluer”, justifient les deux fondateurs de la start-up américaine, dans un message adressé aux salariés. Ils espèrent qu’une équipe plus petite sera davantage “focalisée pour lancer la prochaine évolution du produit”. La tâche s’annonce cependant difficile: très peu d’applications ont réussi à rebondir après avoir perdu leur audience.

Valorisation de quatre milliards – Lancé en 2020, Clubhouse fait rapidement fureur dans le petit cercle des influenceurs de la Silicon Valley. L’application est alors portée par un buzz savamment entretenu et par son caractère exclusif. Seules les personnes invitées peuvent en effet espérer la rejoindre. Pendant longtemps, les précieux sésames n’ont été délivrés qu’au compte-gouttes. Elon Musk, Mark Zuckerberg ou encore Oprah Winfrey, la reine de la télévision américaine, organisent des salons. En février 2021, Clubhouse cumule plus de 10 millions de téléchargements, avant même son ouverture à tout le monde. Et enchaîne deux levées de fonds, auprès de prestigieux investisseurs comme le fonds de capital-risque Andreessen Horowitz, qui portent sa valorisation à un milliard de dollars. Puis quatre milliards.

Lassitude – Très vite, la plateforme est copiée. Facebook, Twitter, Spotify, LinkedIn, Discord ou encore Reddit se lancent sur ce créneau, tentant de profiter de leur importante base d’utilisateurs pour s’y imposer. Mais l’intérêt pour les conversations audio retombe tout aussi rapidement. Passé l’excitation des débuts, certainement stimulée par la crise sanitaire, les utilisateurs de Clubhouse se sont lassés. Les organisateurs de salon n’ont jamais eu les outils nécessaires pour pouvoir monétiser leur audience, poussant certains à arrêter. Et les millions de personnes placées sur liste d’attente sont passées à autre chose ou sont arrivées trop tard, lorsque l’activité était déjà retombée. Ses concurrents ont d’ailleurs quasiment tous jeté l’éponge, à l’exception notable de Twitter, avec ses salons Spaces.

“Plusieurs années” de trésorerie – Fin 2021, face au déclin de son audience, Clubhouse apporte plusieurs changements à son concept, permettant notamment d’enregistrer les discussions et de partager de courts extraits sur les réseaux sociaux. Depuis, d’autres fonctionnalités ont été ajoutées, en particulier la création de communautés privées. Mais aucune n’a réussi à inverser la spirale négative. La start-up ne communique aucun chiffre sur son activité. Selon les estimations du cabinet Sensor Tower, son application a été téléchargée moins de 6 millions de fois en 2022, dont seulement 1,5 million au deuxième semestre. Après avoir levé plusieurs centaines de millions de dollars, Clubhouse dispose désormais, selon ses dirigeants, de “plusieurs années” de trésorerie pour trouver une bonne idée.

Pour aller plus loin:
– Spotify enterre son rival de Clubhouse
– Face au succès de Clubhouse, Facebook se lance dans l’audio


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