Par , publié le 14 mai 2023

Sur le papier, Elon Musk n’est plus le patron de Twitter. Comme il l’avait promis en décembre, suite à un vote organisé auprès des utilisateurs, le milliardaire a nommé une nouvelle directrice générale à la tête du réseau social à l’oiseau bleu. Il s’agit de Linda Yaccarino, qui occupait jusqu’à présent le poste de directrice de la publicité de NBCUniversal, l’un des géants américains des médias. Un profil très commercial qui confirme qu’Elon Musk n’a pas l’intention de lâcher les commandes. Et qu’il continuera d’être impliqué dans la gestion quotidienne et de décider des grandes évolutions de Twitter, notamment en matière de modération. “Elle va se concentrer principalement sur les opérations commerciales, pendant que je vais m’occuper du design du produit et des nouvelles technologies”, explique-t-il.

Rassurer les annonceurs – L’arrivée de Linda Yaccarino ne vise en effet pas à donner une nouvelle orientation à Twitter. Elle vise surtout à rassurer les grands annonceurs, qui restent majoritairement méfiants et n’ont toujours pas repris leurs dépenses sur la plateforme. Plusieurs agences de publicité recommandent toujours à leurs clients de rester à l’écart. Depuis le rachat par Elon Musk à l’automne dernier pour 44 milliards de dollars, le chiffre d’affaires de Twitter accuse ainsi une chute estimée entre 40% et 50%. Linda Yaccarino dispose d’importants atouts. Figure du secteur, elle a noué pendant plus de dix ans des relations avec les principaux annonceurs américains, supervisant notamment de grands événements comme les Jeux olympiques et le Super Bowl.

Peu d’abonnés – Cette nomination montre que la publicité reste primordiale pour Twitter, bien plus que ne l’aimerait Elon Musk. Le patron de Tesla rêve de substituer des recettes publicitaires par des revenus d’abonnements. À terme, espère-t-il, ces derniers doivent représenter la moitié du chiffre d’affaires. Mais les débuts sont timides. Selon les estimations du chercheur Travis Brown, l’offre Blue, désormais indispensable pour obtenir le badge bleu, ne comptait que 620.000 abonnés fin avril. Cela représente un chiffre d’affaires annuel de 60 millions de dollars. L’offre réservée aux entreprises, proposée à partir de 1.000 dollars par mois, est boudée par de nombreux groupes. Tout comme les offres permettant aux développeurs d’accéder aux API pour concevoir des applications connectées à Twitter.

Davantage de modération ? – Un point de divergence pourrait rapidement émerger entre Elon Musk et Linda Yaccarino: la politique de modération, que le milliardaire a allégée depuis sa prise de contrôle – allant même jusqu’à décréter une amnistie générale sur les comptes bloqués par la précédente direction. En avril, l’ancienne de NBC lui a suggéré d’en faire plus dans le domaine, lors d’un entretien organisé dans le cadre d’une conférence. Et réclamé le retour de réunions entre l’entreprise et de grands annonceurs. Interrogé sur Twitter, Elon Musk a rappelé vendredi qu’il était “inflexible sur la protection de la liberté d’expression, même si cela signifie perdre de l’argent”. En cas de désaccord, difficile d’imaginer que la nouvelle patronne puisse dicter ses choix à celui qui peut la licencier à tout moment.

Pour aller plus loin:
– Débuts difficiles pour Blue, l’abonnement payant de Twitter
– Chez Twitter, Elon Musk cherche déjà de l’argent frais


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