Par , publié le 25 mai 2023

C’est un club très fermé que Nvidia s’apprête à rejoindre: celui des entreprises capitalisées à plus de 1.000 milliards de dollars. Jeudi, l’action du fabricant américain de semi-conducteurs s’est envolée de 24%, permettant à sa valorisation de grimper de près de 200 milliards, soit quasiment deux fois la valeur d’Intel. La raison: des prévisions de chiffre d’affaires nettement supérieures aux anticipations de Wall Street. Nvidia profite de l’euphorie autour de l’intelligence artificielle générative, dans le sillage de ChatGPT. Depuis le lancement du robot conversationnel conçu par la start-up OpenAI il y a seulement six mois, son cours boursier a plus que triplé. Et il est même repassé au-dessus du plus haut historique touché à l’automne 2021, avant le spectaculaire plongeon des valeurs boursières.

Informatique “accélérée” – Nvidia récolte les fruits d’un pari réalisé il y a trente ans, en anticipation des limites de la loi de Moore, sur la hausse exponentielle de la puissance informatique. Son idée: “accélérer” les processeurs (CPU) en les couplant avec des cartes graphiques (GPU), jusqu’alors principalement utilisées pour doper les performances des jeux vidéo. Depuis, ses produits équipent les voitures sans conducteur et sont utilisés dans la robotique, la ville connectée, l’imagerie médicale ou encore le minage de cryptomonnaies. Surtout, ils ont envahi les data centers, où ils ont d’abord participé à l’entraînement des algorithmes de machine learning. Et plus récemment, à celui des modèles d’intelligence artificielle générative, capables de créer des textes, des photos et des vidéos.

Position de force – Devant le potentiel du secteur, les entreprises Internet et les plateformes de cloud se sont lancées dans une course de vitesse pour “réaménager les centres de données”, souligne Jensen Huang, le patron de Nvidia. L’entraînement des modèles d’IA générative, puis leur fonctionnement, requièrent en effet une immense puissance de calcul, qui ne peut être fournie que par des accélérateurs, combinant des CPU et des GPU. “L’IA générative devient la principale charge de travail, poursuit le fondateur du groupe américain. Il est très clair maintenant que le budget des data centers va se déplacer radicalement vers le calcul accéléré”. Sur ce marché, Nvidia est en position de force: ses processeurs graphiques dédiés à l’intelligence artificielle sont considérés comme les plus avancés.

Cadence de production – Le supercalculateur construit par Microsoft pour les modèles d’OpenAI intègre ainsi des dizaines de milliers de cartes A100 de Nvidia, vendues environ 10.000 dollars pièce. Les commandes s’accumulent aussi pour la nouvelle génération de GPU, les H100, commercialisés à plus de 30.000 dollars. Les montants se chiffrent en centaines de millions. Le fabricant possède une avance considérable sur la concurrence. Et les puces développées en interne par Google, Microsoft, Amazon ou Facebook visent davantage à augmenter les capacités de calcul, plutôt que de remplacer celles commercialisées par Nvidia. Le véritable défi pour la société sera d’augmenter ses cadences de production pour satisfaire la demande. Son patron promet une hausse “substantielle” après l’été.

.Pour aller plus loin:
– Après le succès de ChatGPT, les investisseurs se ruent sur l’intelligence artificielle
– Dans l’impasse, Nvidia abandonne le rachat d’Arm


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