Par , publié le 20 juin 2023

Les maisons de disques passent à l’attaque contre Twitter. La semaine dernière, elles ont lancé des poursuites judiciaires devant la justice américaine contre le réseau social à l’oiseau bleu, lui réclamant au moins 250 millions de dollars pour violation du droit d’auteur. Elles lui reprochent en particulier de ne pas supprimer les messages incluant des chansons protégées, comme le prévoit pourtant la législation. Tout en refusant de négocier des accords de licence avec les détenteurs de droits. “Twitter est la seule plateforme qui refuse de le faire”, souligne David Israelite, le président de la National Music Publishers’ Association (NMPA), un lobby à l’origine de cette procédure, qui rassemble 17 maisons de disques, dont les trois majors du secteur Universal, Sony et Warner.

1.700 infractions – La plainte accuse Twitter de ne pas respecter le Digital Millennium Copyright Act (DMCA). Votée en 1998, cette loi protège les sociétés Internet d’éventuelles poursuites judiciaires liées à des contenus publiés illégalement par leurs utilisateurs. Cela signifie qu’elles ne peuvent pas être attaquées en justice pour des clips musicaux mis en ligne sans l’autorisation des artistes. En échange cependant, elles doivent proposer des outils aux détenteurs de droits pour demander le retrait des vidéos en infraction. La NMPA assure avoir effectué plus de 300.000 signalements depuis décembre 2021, mais souligne que Twitter prend rarement des mesures rapides. La plainte comporte ainsi 1.700 infractions. Une liste qui pourra être complétée, ce qui ferait monter le montant des réparations.

Centaines de millions de dollars – Il est important de souligner que le non-respect du DMCA par le réseau social est antérieur à son rachat par Elon Musk en octobre 2022 pour 44 milliards de dollars. Mais ce changement de propriétaire a aussi marqué un changement dans les relations avec l’industrie du disque. La précédente direction avait en effet engagé des négociations sur des accords de licence, notamment pour permettre à ses utilisateurs d’utiliser des chansons comme fond sonore dans leurs vidéos. C’est aujourd’hui l’utilisation la plus répandue sur les réseaux sociaux, dans le sillage du succès de TikTok. Cette dernière mais aussi Meta, YouTube ou encore Snapchat ont accepté de verser des centaines de millions de dollars chaque année aux maisons de disques pour avoir accès à leur catalogue.

“Plaie pour l’humanité” – Selon le New York Times, les négociations entre Twitter et l’industrie musicale ont pris fin ces derniers mois. A plusieurs reprises, Elon Musk a exprimé son rejet du DMCA, qui protège aussi les photos et vidéos. Le milliardaire assure que la législation va bien au-delà de la protection du droit d’auteur. Et il menace de bannir du réseau social ceux qui l’ont “transformée en arme”. Le DMCA est une “plaie pour l’humanité”, estime-t-il. L’échec des négociations s’explique aussi probablement par une question d’argent. Depuis sa prise de fonction, Elon Musk cherche en effet à réduire les dépenses, notamment pour compenser la forte chute des recettes publicitaires. Twitter a ainsi arrêté de payer ses loyers, notamment pour son siège social à San Francisco, et certaines factures.

Pour aller plus loin:
– Elon Musk nomme une directrice générale chez Twitter… mais garde les commandes
– Comment l’intelligence artificielle bouscule l’industrie du disque


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité