Par , publié le 30 juin 2023

Nvidia pensait avoir trouvé la parade pour continuer à vendre en Chine ses cartes graphiques (GPU) dédiées à l’intelligence artificielle, malgré les restrictions sur les exportations imposées par Washington. Mais les États-Unis s’apprêtent à refermer la faille dans laquelle le leader incontesté du marché s’était engouffré, rapporte la presse américaine. Dès cet été, les groupes chinois ne pourront donc plus, légalement et en l’absence d’autorisation gouvernementale délivrée aux compte-gouttes, se fournir en puces nécessaires à l’entraînement des derniers modèles d’IA générative. L’administration américaine justifie ces mesures par la volonté de protéger sa “sécurité nationale”, en s’assurant que des technologies américaines ne puissent pas servir les intérêts militaires de Pékin.

Puces moins puissantes – En octobre dernier, Washington a pris des dispositions drastiques pour limiter les exportations vers la Chine de puces avancées et d’équipements nécessaires à leur production. Ces restrictions affectent notamment les derniers GPU de Nvidia, considérés comme les plus performants dans le domaine de l’intelligence artificielle. La société californienne avait riposté en lançant deux nouvelles puces, déclinaisons de ses produits phare, l’A100 et la plus récente H100. Baptisées A800 et H800, celles-ci restent capables d’entraîner des IA. Mais elles ne sont pas suffisamment puissantes pour être concernées par le cadre réglementaire actuel. Selon le Financial Times, Tencent, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance ont passé commande.

Impact limité ? – Très critiques envers les restrictions sur les exportations, les dirigeants de Nvidia se montrent cependant rassurants, n’anticipant pas un “impact significatif immédiat”, selon sa directrice financière Colette Kress. Certes, la Chine représente entre 20% et 25% de son activité data center, qui génère désormais plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Mais toutes les exportations vers le pays ne vont pas être interdites. Surtout, la demande pour ses GPU dédiés à l’IA reste encore plus importante que ses capacités de production. Nvidia s’inquiète davantage des conséquences à long terme, craignant une “perte permanente d’opportunités”. Et redoutant une accélération des efforts chinois pour développer des puces rivales, capables de gagner des parts de marché en dehors des frontières.

Le cloud aussi concerné – En attendant une hypothétique puce locale, les entreprises chinoises risquent d’éprouver des difficultés pour poursuivre leur développement dans l’IA. Malgré les mesures américaines, il est encore possible d’acheter des GPU A100 et H100 dans le pays, révélait récemment une enquête menée par Reuters. Mais ces composants, obtenus par des sociétés basées dans les pays voisins et vendus deux fois plus cher que le prix catalogue, ne sont disponibles qu’en petite quantité. Ce problème est d’autant plus grave que l’administration américaine prévoit aussi d’étendre ses sanctions aux services de cloud reposant sur les GPU avancés. Ceux-ci ne sont pour le moment pas concernés. Et sont utilisés par de nombreuses start-up chinoises travaillant sur l’IA générative pour entraîner leurs modèles.

.Pour aller plus loin:
– L’intelligence artificielle propulse Nvidia vers de nouveaux sommets
– Les Pays-Bas et le Japon s’alignent sur les sanctions contre la Chine


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