Par , publié le 10 juillet 2023

Avec près de 100 millions d’inscrits en seulement quatre jours, Threads a pulvérisé tous les records d’adoption, faisant encore mieux que ChatGPT – qui partait, lui, de zéro. Cette performance va “bien au-delà de nos prévisions”, assure Mark Zuckerberg, dans un message posté sur ce rival de Twitter, lancé par Meta, la maison mère de Facebook et Instagram. “Nous avons encore beaucoup de travail”, reconnaît-il cependant, tout en rêvant d’attirer un milliard d’utilisateurs. À titre de comparaison, Twitter revendiquait en juillet 2022, juste avant son rachat par Elon Musk, 238 millions d’utilisateurs quotidiens “monétisables”. Disponible dans 144 pays, mais pas dans l’Union européenne, Threads est l’application la plus téléchargée par les possesseurs d’iPhone dans 141 pays, selon Data.AI.

Rejet d’Elon Musk – Ce départ canon s’explique d’abord par l’intégration avec Instagram, qui permet de simplifier le processus d’inscription et d’assurer aux utilisateurs de Threads de ne pas partir avec une audience nulle – un élément primordial. La plateforme de photos et de vidéos représente également un formidable outil de promotion auprès de ses deux milliards d’adeptes. L’application profite aussi du rejet de la direction prise par Twitter depuis son rachat par Elon Musk en octobre dernier. Elle séduit tous ceux qui avaient délaissé le réseau à l’oiseau bleu. Et surtout tous ceux qui continuaient à l’utiliser mais seulement par défaut, faute d’alternative crédible. Elon Musk a ainsi réussi l’exploit de transformer Mark Zuckerberg, souvent décrié ces dernières années, en… sauveur.

Moins de politique ? – Si Threads ressemble beaucoup à Twitter, Adam Mosseri, le patron d’Instagram, assure que l’objectif n’est pas de le remplacer mais de créer une plateforme “plus apaisée”, moins centrée notamment autour de l’actualité et de la politique. Des sujets au cœur du discours marketing de Twitter. Pour Meta, ces sujets sont trop clivants et ne génèrent pas assez d’engagement et de recettes publicitaires additionnelles pour justifier tous les problèmes qu’ils engendrent. Depuis deux ans, Facebook limite d’ailleurs la portée des contenus politiques, désormais affichés moins souvent sur le fil d’actualité de ses utilisateurs. Adam Mosseri espère que Threads sera axé sur le sport, la musique, la mode ou le divertissement, tout en reconnaissant qu’il ne pourra empêcher les utilisateurs de discuter de politique.

Effet de réseau – Après ces débuts réussis, le plus dur commence: convertir les inscrits en utilisateurs réguliers, une fois passé l’effet de curiosité. C’est dans ce domaine qu’échouent beaucoup de réseaux sociaux, comme Mastodon, une alternative à Twitter qui avait connu un pic d’inscriptions fin 2022. Threads part cependant avec un avantage important. Avec près de 100 millions d’inscrits, la plateforme peut déjà compter sur un petit effet de réseau: ses utilisateurs peuvent suivre des célébrités, des sportifs, des médias ou des journalistes, qui peuvent, eux, toucher une audience importante. La partie n’est cependant pas gagnée. Et Meta va devoir aller vite pour apporter les nombreuses fonctionnalités manquantes à Threads, comme une version web ou un fil d’actualité antéchronologique.

Pour aller plus loin:
– Elon Musk limite l’usage de Twitter, la voie royale pour Facebook ?
– Facebook veut concurrencer les boutiques d’applications d’Apple et Google


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