Par , publié le 2 juillet 2023

1.000 tweets par jour, et pas un de plus. Samedi, Twitter a instauré une limite sur le nombre de messages pouvant être consultés par ses utilisateurs. Celle-ci monte à 10.000 pour les abonnés à son offre Blue. Et descend à 500 pour les nouveaux inscrits. Une fois cette barre dépassée, la plateforme à l’oiseau bleu affiche un message d’erreur, devenant de fait totalement inutilisable. Cette mesure est contre-intuitive pour un réseau social, qui doit avant tout chercher à maximiser l’engagement de ses membres, afin d’afficher davantage de publicités. Elon Musk, qui a racheté Twitter l’an passé pour 44 milliards de dollars, assure qu’elle est temporaire. Et la justifie par la volonté de lutter contre le “pillage de données” mené par des “centaines d’organisations”.

IA générative – Le milliardaire vise en particulier les start-up travaillant sur l’intelligence artificielle générative, qui récupèrent d’immenses quantités de données sur Internet pour entraîner leurs modèles. Twitter constitue une source privilégiée, car elle offre une masse de messages publics, accessibles par tous. L’entreprise assure que cette utilisation, qu’elle estime illégale, se traduit par des coûts importants – alors même qu’elle cherche à réduire ses dépenses, notamment auprès de Google Cloud. Pour en tirer profit, elle a d’abord choisi de faire payer l’accès à son API, l’interface de programmation qui permet à des développeurs externes de se connecter avec sa plateforme. Twitter facture désormais au moins 42.000 dollars par mois. Pas suffisant, visiblement, pour satisfaire Elon Musk.

Impact sur la publicité – En limitant le nombre de tweets pouvant être consultés, le patron de Twitter espère certainement pousser ces start-up à souscrire à son offre payante sur les API. Mais cette décision pourrait aussi fortement impacter le chiffre d’affaires publicitaire. À chaque fois que des utilisateurs ne peuvent pas lire des messages, ce sont en effet des opportunités de monétisation qui s’envolent pour un groupe qui accuse déjà une forte chute de ses recettes. Cette limite devrait également restreindre la portée (le reach) des tweets, amputant d’autant l’intérêt pour les utilisateurs de continuer à publier des tweets. Et la multiplication des messages d’erreurs enlève à Twitter son statut de plateforme permettant de suivre l’actualité en temps réel, tout en décourageant les nouveaux inscrits.

Coup de pouce pour Instagram – De fait, l’annonce des nouvelles restrictions a provoqué un bond des inscriptions sur les plateformes rivales, comme le réseau décentralisé Mastodon. Surtout, ces changements s’apparentent à un coup de pouce au service concurrent que s’apprête à lancer Meta, la maison mère de Facebook. Baptisé Threads, celui-ci est en phase finale de tests – son application est même apparue temporairement ce week-end sur la boutique Google Play. Il dispose de sérieux atouts pour s’imposer comme une alternative enfin crédible pour les adeptes ou anciens adeptes de Twitter. Il sera notamment lié à Instagram, qui doit représenter un formidable vecteur d’audience. D’autant plus que ses utilisateurs n’auront pas à recréer un profil, ni à rebâtir leurs listes d’abonnés et de personnes suivies.

Pour aller plus loin:
– En changeant ses pratiques, Reddit relance le débat sur la gratuité des API
– Chez Twitter, la politique de modération suscite de nouveaux départs


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