Par , publié le 26 septembre 2023

Un dernier avertissement avant de potentielles sanctions ? Mardi, Bruxelles a de nouveau rappelé Twitter (nouvellement X) à ses obligations en matière de lutte contre la désinformation, dans le cadre du Digital Services Act (DSA), la nouvelle législation européenne sur les services numériques, entrée en vigueur fin août. “Vous devez respecter la loi et nous observons ce que vous faites”, a ainsi lancé Vera Jourova, la vice-présidente de la Commission européenne – qui vient de récupérer la supervision du numérique suite à la mise en retrait de Margrethe Vestager. Au premier semestre, le réseau social a l’oiseau bleu affiche “le plus important ratio de messages de désinformation”, a-t-elle souligné. Bruxelles s’inquiète notamment de possibles interférences russes pendant les prochaines élections européennes.

Modération allégée – Depuis son rachat par Elon Musk pour 44 milliards de dollars il y a bientôt un an, Twitter a fortement allégé sa politique de modération. Par choix idéologique, le milliardaire se présentant comme le défenseur de la liberté d’expression qu’il estime menacée. Mais aussi par volonté de réduire les coûts: les équipes de modération, internes et externes, ont été décimées, particulièrement en dehors des États-Unis. La société a également déclaré une amnistie générale sur les comptes bannis par la précédente direction, dont ceux qui avaient été utilisés dans le cadre de campagnes d’influence. Face à la désinformation, le réseau social ne se repose plus sur des équipes de fact-checking mais sur des “notes de la communauté”, présentes sous les messages jugés mensongers par les utilisateurs.

Signaux négatifs – Depuis plusieurs mois, les responsables européens multiplient les avertissements, redoutant notamment que ce modèle ne soit trop limité pour être véritablement efficace, faute d’un nombre suffisant de volontaires pour certaines langues du continent. À plusieurs reprises, ils ont donc demandé à Twitter de renfoncer ses équipes de modération et de fact-checking. En réponse, le réseau social a envoyé de nombreux signaux négatifs. En mai, il avait passablement énervé Bruxelles en décidant de se retirer du code européen de bonnes pratiques contre la désinformation, qui regroupe tous les autres réseaux sociaux. Trois mois plus tôt, il avait aussi fourni un rapport incomplet à la Commission sur la diffusion de fausses informations et sur les mesures mises en place pour les limiter.

Lourde amende – En avril, Twitter a également été poursuivi par le ministère allemand de la justice, qui l’accuse de ne pas avoir respecté la législation locale, considérée comme un test grandeur nature pour le DSA. Comme elle compte plus de 45 millions d’utilisateurs actifs au sein des Vingt-Sept, la société a été désignée au printemps en tant que “très grande plateforme”. Elle doit ainsi respecter le DSA depuis le 25 août. Le texte instaure de nouvelles règles pour les réseaux sociaux, qui doivent permettre à leurs utilisateurs de refuser les algorithmes de recommandation ou encore de contester des décisions de modération. Il leur impose aussi de retirer les contenus haineux ou illégaux, ainsi que les fausses informations. En cas d’infraction, Twitter risque une amende pouvant aller jusqu’à 6% de son chiffre mondial.

Pour aller plus loin:
– Chez Twitter, la politique de modération suscite de nouveaux départs
– Dix-neuf “très grandes plateformes” soumises au DSA européen


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité