Par , publié le 3 octobre 2023

En février, Satya Nadella se montrait particulièrement optimiste pour l’avenir de Bing, le moteur de recherche de Microsoft qui s’enrichissait alors de réponses fournies par le robot conversationnel ChatGPT. À peine huit mois plus tard, le directeur général du géant de Redmond semble avoir succombé au fatalisme. Selon lui, l’émergence de l’intelligence artificielle générative pourrait au contraire renforcer la position archi-dominante de Google, a-t-il expliqué lundi à la barre du tribunal de Washington, dans le cadre du procès historique contre le leader de la recherche en ligne, accusé d’abus de position dominante. Une déclaration qu’il faut certes prendre avec des pincettes – le responsable peut chercher à dramatiser la situation pour faire condamner son rival – mais qui reflète bien la réalité du marché.

3% du marché – Lancé en 2009, Bing est le deuxième moteur mondial. Mais très loin derrière Google, malgré un investissement estimé par Satya Nadella à 100 milliards de dollars. Selon les estimations de StatCounter, seulement 3% des recherches en ligne ont été réalisées sur Bing en septembre, autant qu’en début d’année avant l’intégration de ChatGPT. La part de marché de Google, à qui certains prédisaient déjà un inexorable déclin, est aussi restée stable, à près de 92%. Pour expliquer ces contre-performances, le patron de Microsoft met en avant les accords commerciaux qui permettent à Google d’occuper la position de moteur par défaut sur Safari, le navigateur Internet d’Apple. Une place qu’il a bien tenté de ravir, allant même jusqu’à proposer Bing en marque blanche au groupe à la pomme. En vain.

Inertie – Face à Google, Microsoft a choisi de prendre très rapidement le virage de l’IA générative, capitalisant sur sa relation privilégiée avec OpenAI, le concepteur de ChatGPT, pour tenter de prendre son concurrent de vitesse. Depuis février, le “New Bing” propose ainsi deux types de résultats. À gauche, les traditionnels liens ou petits extraits d’un site Internet. À droite, des réponses plus complexes et détaillées fournies par l’IA. La société comptait sur ChatGPT pour donner un coup de fouet à la part de marché et aux recettes publicitaires de son moteur. Elle promettait également d’intégrer des liens sponsorisés aux résultats fournis par le chatbot. Mais Google bénéficie d’une certaine inertie des internautes, dont les habitudes changent peu ou alors très lentement, une fois passé l’effet de curiosité.

Cercle vicieux ? – Lundi, Satya Nadella a reconnu que ses grands effets d’annonce du début d’année étaient prématurés. “C’était l’enthousiasme de quelqu’un qui détient environ 3% des parts de marché et qui se dit qu’il peut monter à 3,5%”, a-t-il concédé. Pis encore, le dirigeant de Microsoft entrevoit une aggravation de la situation concurrentielle, alors que Bing se trouve déjà dans un cercle vicieux. Un cercle “qui pourrait encore devenir plus vicieux” avec l’IA générative. Satya Nadella anticipe des accords d’exclusivité entre Google, et ses gigantesques recettes publicitaires, et des éditeurs de site web, permettant au premier d’être le seul à pouvoir accéder aux contenus des seconds pour pouvoir alimenter les prochains grands modèles de langage qui propulseront son moteur de recherche.

Pour aller plus loin:
– Aux États-Unis, Google affronte un procès historique
– Apple et Mozilla ont beaucoup à perdre dans le procès contre Google


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