Par , publié le 4 octobre 2023

Comment respecter le Règlement général sur la protection des données (RGPD) sans provoquer une chute du chiffre d’affaires ? Meta espère bien avoir trouvé la solution à ce numéro d’équilibriste, qui l’agite depuis que ses pratiques en matière de consentement ont été retoquées, fin 2022, par les Cnil européennes. Selon le Wall Street Journal, la maison mère de Facebook et d’Instagram prévoit désormais de lancer un abonnement payant dans l’Union européenne, permettant de consulter les deux réseaux sociaux sans aucune publicité. Une véritable révolution pour la société dirigée par Mark Zuckerberg, qui a bâti son modèle économique sur le tout gratuit. Mais une révolution forcée qu’elle ne prévoit pour l’instant pas de lancer ailleurs, en particulier aux États-Unis, de très loin le marché qui lui rapporte le plus d’argent.

Tarifs élevés – Meta prévoit de facturer 10 euros par mois depuis un ordinateur. Et 13 euros depuis un smartphone, afin de tenir compte des commissions prélevées par Apple et Google. Pour bénéficier de cet abonnement à la fois sur Facebook et Instagram, les internautes devront débourser 16 ou 19 euros. Ces tarifs semblent relativement élevés, d’autant que l’offre payante ne devrait pas s’accompagner de fonctionnalités supplémentaires. Mais ils doivent permettre de compenser le manque à gagner. En Europe, le groupe génère en effet entre 5 et 6 euros de recettes publicitaires par mois et par utilisateur sur Facebook – le revenu moyen sur Instagram n’est pas publié. En outre, les personnes susceptibles de s’abonner sont probablement des utilisateurs très actifs, qui rapportent plus que la moyenne.

Publicités ciblées – Cet abonnement doit permettre à Meta de trouver une parade pour respecter le RGPD, qui impose de recueillir le consentement des internautes avant d’utiliser leurs données personnelles à des fins publicitaires. Initialement, la société avait ajouté cette disposition dans ses conditions d’utilisation, forçant ainsi ses utilisateurs à l’accepter. Après le verdict des Cnil européennes, il était impensable pour le groupe d’offrir un consentement classique, car de nombreux internautes auraient refusé l’utilisation de leurs données personnelles – comme c’est le cas pour le pistage publicitaire sur iOS. Meta aurait alors été dans l’incapacité de leur proposer des publicités ciblées, vendues plus bien plus cher que les autres. Et aurait donc accusé une chute, potentiellement importante, de son chiffre d’affaires.

La Cnil ouvre la voie – Selon le Wall Street Journal, la société de Menlo Park a déjà entamé des discussions avec les régulateurs européens et avec la Data Protection Commission irlandaise, son autorité de référence dans le cadre du guichet unique européen. La question est désormais de savoir si cette alternative sera autorisée par les autorités de protection des données. Dans un dossier similaire – les “cookies wall” mis en place par plusieurs sites –, la Cnil semble avoir ouvert la voie. Elle a en effet estimé que les “contreparties monétaires” peuvent “constituer une alternative au consentement”. Mais elle a aussi souligné qu’elles devaient être proposées à un “tarif raisonnable”, afin d’offrir un “véritable choix” aux internautes. Autrement dit: Meta va devoir convaincre que ses tarifs sont abordables.

Pour aller plus loin:
– Facebook condamné à une amende record de 1,2 milliard d’euros
– Facebook lance, à son tour, un abonnement payant


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