Par , publié le 29 novembre 2023

Le discours se veut positif mais les chiffres le sont beaucoup moins. En 2023, le montant des levées de fonds en Europe va accuser un repli historique, chutant de près de moitié et retombant tout près du niveau de 2020, selon les décomptes d’Atomico. “L’écosystème européen est dans une position bien plus solide que lors des précédents ralentissements”, assure pourtant le fonds de capital-risque britannique dans son rapport annuel, qui veut croire que “la reprise est en cours”. Cette année, les start-up du continent devraient recueillir 45 milliards de dollars (41 milliards d’euros), contre 85 milliards en 2022. Et 100 milliards en 2021. Deux années de “surchauffe”, dopées par les politiques monétaires post-Covid. Et que le fonds recommande désormais d’oublier pour se focaliser sur la tendance de long terme.

Au plus bas depuis 2017 – Atomico souligne ainsi que 2023 devrait être la troisième meilleure année pour le financement des start-up européennes. Mais il oublie deux éléments importants. D’abord, l’inflation. En la prenant en compte, les levées de fonds vont être inférieures à 2020. Ensuite, le nombre de start-up est beaucoup plus élevé qu’il y a trois ans. Autrement dit: elles sont plus nombreuses à se partager un gâteau à peu près équivalent. D’autres chiffres sont peu encourageants. Non seulement le nombre d’opérations a fortement chuté depuis deux ans, passant de 9.400 à 6.300, mais il est aussi tombé au plus bas depuis 2017 ! Après avoir bondi, la valorisation moyenne des levées de fonds de série C est repassée sous son niveau de 2020. Et les écarts de valorisation avec les sociétés américaines se sont nettement creusés.

Fin des méga-levées – Entamée dès la fin de l’été 2022, la chute des levées a été précipitée par le resserrement des politiques monétaires, qui a mis fin à une période d’argent facile. Si personne n’est épargné, les start-up les plus matures sont les plus touchées. Depuis le début de l’année, seulement 36 levées de fonds ont dépassé la barre des 100 millions de dollars, contre 163 en 2022 et 198 en 2021. Et seulement sept groupes ont franchi la barre symbolique du milliard de dollars de valorisation, contre 108 il y a deux ans. Cela s’explique en grande partie par le départ de certains grands investisseurs étrangers, comme l’américain Tiger Global et le japonais Softbank. Mais aussi par le refus de certaines start-up de mener un down round, un tour de table sur la base d’une valorisation inférieure à la précédente.

Dry powder – Pour autant, Atomico veut se montrer optimiste, citant notamment un rebond de la valorisation de l’écosystème tech européen, revenue à son niveau record en 2021 après avoir chuté de 400 milliards de dollars l’an passé. Mais ce chiffre n’est que superficiel: il ne repose que sur les valorisations “officielles”, atteintes lors de levées réalisées il y a un ou deux ans. Et qui ne reflètent plus la valeur actuelle. Le fonds met aussi en avant le niveau historiquement élevé du dry powder, les liquidités que les fonds européens doivent encore investir: 108 milliards de dollars qui finiront bien par être déployés. Un argument avancé depuis des mois. En réalité, l’incertitude demeure sur la reprise des levées, alors que les taux d’intérêt sont au plus haut depuis 20 ans. Et que les introductions en Bourse tournent toujours au ralenti.

Pour aller plus loin:
– Entre catastrophisme et espoir, la French Tech navigue à vue
– Douche froide pour la reprise des IPO technologiques


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