Par , publié le 24 septembre 2023

Les plus optimistes se féliciteront du retour des introductions en Bourse (IPO) de sociétés technologiques. Les plus pessimistes retiendront, eux, l’accueil peu enthousiaste réservé par les investisseurs. Ces dix derniers jours, trois opérations majeures ont eu lieu à Wall Street, mettant fin à une période creuse de près de deux ans, précipitée par le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Mais ni le concepteur d’architecture pour semi-conducteurs Arm Holdings, ni la plateforme de livraison de courses Instacart, ni le spécialiste du marketing en ligne Klaviyo n’ont suscité la ferveur des marchés. Un mauvais signal, en attendant leur évolution au cours des prochaines semaines, alors que beaucoup de start-up patientent pour faire leurs débuts boursiers.

Peu d’actions en vente – Premier à se lancer, suite à l’échec de son rachat par Nvidia, Arm avait pourtant nettement revu ses ambitions à la baisse. Un choix qui a d’abord semblé gagnant: son action a bondi de 25% lors de son premier jour de cotation. Depuis, elle a cependant perdu tous ces gains initiaux, repassant même temporairement sous son cours d’introduction. Une mésaventure qui est intervenue encore plus rapidement pour Instacart: dès la deuxième séance. Les deux entreprises avaient pourtant décidé de limiter le nombre d’actions mises en vente (10% seulement du capital pour Arm et 8% pour Instacart), afin d’essayer de créer un effet de rareté, capable de soutenir leurs cours. De son côté, Klaviyo s’en sort un peu mieux, mais son action affiche des gains assez modestes pour une IPO.

Plongeon bousier – La chute des introductions remonte à l’automne 2021, quand les banques centrales ont commencé à augmenter leurs taux pour lutter contre l’inflation. Les investisseurs ont alors particulièrement sanctionné les innombrables sociétés technologiques, le plus souvent déficitaires, entrées en Bourse après la crise sanitaire à des niveaux de valorisation extrêmement élevés – notamment en raison de la mode des SPAC. Une partie de ces entreprises affichent depuis des plongeons boursiers de plus de 90%. Dans ce contexte très difficile, quasiment tous les projets d’IPO tech ont été gelés en attendant un retournement du marché, hormis en Chine. Aux États-Unis, une seule opération d’envergure, supérieure à 100 millions de dollars, a ainsi eu lieu depuis l’automne 2021, celle de Mobileye.

Décote – Ces derniers mois pourtant, les marchés boursiers sont repartis de l’avant. Et certaines valeurs technologiques ont enregistré des gains significatifs. Mais le problème ne vient plus du contexte boursier ou des inquiétudes macroéconomiques. Ce sont les valorisations que les start-up ont pu obtenir auprès de fonds de capital-risque en 2021. Des valorisations démesurées qui ne se justifient pas aux yeux des investisseurs de Wall Street, qui fuient désormais les groupes peu ou pas rentables. Pour aller en Bourse, Instacart a ainsi accepté une forte décote, ramenant sa valorisation de 39 milliards de dollars à seulement 10 milliards. Klaviyo a baissé la sienne de 13%. Si la porte n’est plus totalement fermée, la plupart des futurs candidats à Wall Street devront certainement suivre cet exemple.

Pour aller plus loin:
– Les levées de fonds des start-up continuent de chuter
– Pourquoi l’introduction en Bourse de Deezer a fait pschitt


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