Par , publié le 13 septembre 2023

Masayoshi Son pensait bien que sa chance avait tourné. Et espérait profiter de l’euphorie autour de l’intelligence artificielle générative, depuis les débuts fracassants du robot conversationnel ChatGPT. Mais l’introduction en Bourse d’Arm Holdings, ce jeudi sur le Nasdaq, laissera probablement un goût d’inachevé à l’homme d’affaires japonais, qui a transformé Softbank d’un petit vendeur de logiciels en investisseur boulimique dans la tech. Les débuts boursiers de sa filiale britannique, spécialisée dans l’architecture pour semi-conducteurs, vont en effet s’effectuer sur la base d’une valorisation de 54 milliards de dollars, très loin des 80 milliards dont ses dirigeants avaient un temps rêvé. Et la société ne va, par ailleurs, lever “que” 5 milliards, après avoir d’abord espéré récolter jusqu’à 10 milliards.

Architecture archi-dominante – Cette IPO marque cependant un aboutissement pour Softbank, qui cherche depuis des années à capitaliser sur les succès récents d’Arm, qu’il avait racheté il y a sept ans pour 32 milliards de dollars. Début 2022, sa vente à Nvidia, pour un montant record monté jusqu’à 66 milliards de dollars, avait échoué, en raison de l’opposition des autorités de la concurrence américaines, européennes et chinoises. Car le groupe basé à Cambridge joue un rôle central: son architecture ARM est devenue quasiment monopolistique sur le marché des smartphones et tablettes, en particulier grâce à sa faible consommation d’énergie. L’essor attendu de la 5G et de l’Internet des objets doit encore renforcer sa position prépondérante. Apple, Nvidia, Samsung ou encore Qualcomm l’utilisent pour concevoir leurs puces.

Trop ambitieux – Après l’échec de la vente, l’introduction en Bourse restait la seule alternative pour Softbank, faute d’acheteur capable de payer le prix demandé et d’obtenir l’aval des régulateurs. Softbank se montrait très ambitieux, espérant obtenir des multiples de valorisation bien supérieurs aux autres acteurs du marché. Pour y parvenir, le groupe japonais a d’abord mobilisé ses grands clients: Apple, Samsung, Nvidia, TSMC ou encore Intel vont ainsi acheter entre 25 et 100 millions de dollars d’actions. Et pour rendre Arm plus attractif pour les investisseurs, Softbank a coupé dans les effectifs de sa filiale. Le conglomérat a aussi fait miroiter de nouveaux relais de croissance, comme les data centers et les PC. Et il réfléchit à modifier le modèle économique, afin de capter une part plus importante de la valeur.

IA generative – Surtout, Arm a tenté de convaincre que l’IA générative allait entraîner une forte hausse de son activité. Et ainsi de laisser entrevoir un parcours à la Nvidia, dont le chiffre d’affaires s’est envolé depuis quelques mois. En réalité, l’entraînement et le fonctionnement de ces nouveaux modèles reposent principalement sur des cartes graphiques (GPU), qui ne sont pas conçues avec son architecture. Le groupe britannique pourrait bien profiter d’une hausse de la demande pour les processeurs associés aux GPU, mais les analystes estiment que le potentiel de croissance est limité. Au moins à court terme, en attendant que les modèles d’IA puissent tourner directement sur des smartphones. Deux autres éléments jouent en défaveur d’Arm. D’abord, les risques liés à sa branche chinoise, que le groupe ne contrôle pas. Ensuite, la baisse de son chiffre depuis 18 mois en raison de la chute des ventes de smartphones.

Pour aller plus loin:
– Après des pertes abyssales, Softbank promet de repasser à l’offensive
– L’intelligence artificielle propulse Nvidia vers de nouveaux sommets


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