Par , publié le 26 juin 2023

“Le temps est venu de repasser en mode offensif”. De retour sur le devant de la scène, sept mois après sa dernière apparition publique, Masayoshi Son a promis que Softbank allait reprendre ses investissements dans des sociétés technologiques. “Nous voulons prendre la tête de la révolution de l’intelligence artificielle”, a-t-il expliqué la semaine dernière, au cours de l’assemblée générale du conglomérat japonais, qui accuse des pertes abyssales depuis plus d’un an en raison du plongeon des capitalisations boursières et des valorisations des groupes dans lesquels il a injecté des fonds. L’homme d’affaires assure disposer d’une trésorerie de 5.000 milliards de yens (32 milliards d’euros), avant même la prochaine introduction en Bourse de sa filiale britannique Arm Holdings, probablement à New York.

150 milliards investis – A la tête de Softbank, petit magasin d’informatique devenu en 40 ans un gigantesque conglomérat, Masayoshi Son a toujours investi dans des start-up, pariant avant tout le monde sur Alibaba en 2000. En 2017, il avait franchi une étape supplémentaire en lançant le premier Vision Fund, avec le soutien de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Puis, un second deux ans plus tard. Depuis, les deux fonds ont participé à plus de 450 levées de fonds, investissant près de 150 milliards de dollars. Ils ont ainsi grandement contribué à l’émergence de méga-levées, se chiffrant en centaines de millions. Et à l’impressionnante envolée des valorisations. Mais ils ont aussi connu de véritables montagnes russes: des débuts difficiles, suivis de profits record puis d’une rechute vertigineuse.

Chute des investissements – Au 31 mars, la valeur comptable des deux fonds affichait une balance négative de 8,5 milliards de dollars. En juin 2021, ils affichaient un bilan positif de 66,4 milliards. Autrement dit: en moins de deux ans, leur valeur a plongé de 75 milliards de dollars. Ces pertes avaient poussé Softbank à adopter “une approche conservatrice”, pour reprendre les termes régulièrement employés par Yoshimitsu Goto, son directeur financier, désormais chargé de la gestion quotidienne. Une posture défensive qui s’est traduite par une réduction drastiquement des investissements, en particulier dans les start-up les plus matures, celles qui nécessitent des sommes importantes et des valorisations élevées. L’an passé, les Vision Fund n’ont déployé que 2,2 milliards de dollars, contre 44,3 milliards en 2021.

IA générative – La mise en retrait de Softbank coïncide avec l’euphorie autour des start-up d’IA génératives, dans le sillage du succès du robot conversationnel ChatGPT. Un comble, alors que Masayoshi Son évoque le tournant de l’intelligence artificielle depuis des années. En retard, Softbank devra probablement accepter des valorisations très élevées pour pouvoir entrer dans le capital de ces nouveaux acteurs, l’excluant ainsi des gains les plus importants. Son fondateur n’a pas précisé l’enveloppe dont il dispose pour investir dans des start-up. Il reste 6,5 milliards de dollars dans son deuxième fonds. Et le conglomérat n’exclut pas d’en lancer un troisième. En attendant, le Vision Fund va supprimer 50 emplois de plus, selon Bloomberg, ramenant ses effectifs à environ 300 employés, contre 500 il y a un an.

Pour aller plus loin:
Retour sur terre pour la tech européenne
– Les introductions en Bourse des sociétés tech au ralenti


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