Par , publié le 7 décembre 2022

Sur le papier, le chiffre ne semble pas si mauvais. Au terme d’une année particulièrement agitée, les start-up européennes sont en passe de lever 85 milliards de dollars (81 milliards d’euros) en 2022, selon le rapport annuel du fonds britannique Atomico. “Seulement” 18% de moins qu’en 2021, une année historique durant laquelle tous les records avaient été pulvérisés. Au-delà de cette donnée brute, cependant, la situation est plus inquiétante. D’abord, parce que d’autres indicateurs sont très mauvais: le nombre d’opérations a chuté, les méga-levées, supérieures à 100 millions de dollars, sont devenues rares et les introductions en Bourse ont disparu. Ensuite, parce que la tendance est négative: le rythme des levées de fonds a fortement ralenti à partir de juillet, retombant à des niveaux “plus observés depuis 2018”.

Fin de l’hyper-croissance – Pour Atomico, les start-up européennes font face à une “nouvelle réalité”, précipitée par le resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine, dont la politique accommodante avait été l’un des catalyseurs de l’euphorie post-Covid. La période de l’argent facile est passée. Plus de 80% des fondateurs reconnaissent qu’il est plus difficile de mener un tour de table. Pourtant, l’argent ne manque pas: les fonds de capital-risque ont accumulé une montagne de liquidités. Mais ils se montrent beaucoup plus prudents et exigeants avant de parier sur une start-up. Et ils ne sont pas enclins à déployer les mêmes sommes, aux mêmes niveaux de valorisation. Pour une partie des start-up, l’heure n’est donc plus à l’hyper-croissance, mais aux économies voire aux licenciements.

Opérations en baisse – Le repli des investissements n’a épargné personne. Les start-up les plus matures (late stage) ont été les premières touchées, notamment en raison du départ progressif de certains grands investisseurs étrangers, comme Tiger Global et Softbank, capables de mener des tours se chiffrant en centaines de millions de dollars. Au troisième trimestre, seulement 37 méga-levées ont ainsi été réalisées, pour un montant récolté de 7,1 milliards de dollars, deux fois moins que l’an passé. À l’opposé de l’écosystème, les start-up en phase d’amorçage ont également dû affronter des conditions de financement plus difficiles. Le nombre d’opérations inférieures à 5 millions de dollars devrait chuter de près de 30% sur l’ensemble de l’année.

400 milliards évaporés – Cette “nouvelle réalité” s’est également répercutée sur les valorisations. Depuis le début de l’année, seulement 31 start-up européennes ont dépassé la barre symbolique du milliard de dollars, contre 105 l’an passé. C’est moins qu’en 2018 et 2019. Là aussi, la tendance est négative: entre juillet et octobre, seulement 7 sociétés ont rejoint ce club. Parallèlement, d’autres start-up ont dû baisser leur valorisation pour continuer à lever de l’argent. L’exemple le plus frappant est celui de Klarna, l’ex start-up numéro un d’Europe. Au total, Atomico estime que la valorisation de l’écosystème tech européen a chuté de 400 milliards de dollars cette année. Un indicateur en réalité sous-évalué, car il ne prend en compte que les baisses “officielles” des valorisations.

Pour aller plus loin:
– Forte baisse des levées de fonds pour les start-up
– Déjà plus de 100.000 licenciements dans la tech en 2022


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité