Par , publié le 28 mars 2024

Ce devait être le début d’une nouvelle re, permettant à Alibaba de tourner la page de trois années noires, marquées par un tour de vis réglementaire particulièrement sévère, la dégradation des conditions économiques et un plongeon spectaculaire de son cours boursier. Mais un an, jour pour jour, après son annonce, son projet de restructuration est au point mort. Mardi, le géant chinois du commerce en ligne a officiellement renoncé à l’introduction en Bourse de Cainiao, sa branche spécialisée dans la logistique. Ses dirigeants évoquent des conditions de marché peu favorables, qui ne permettent pas de “dégager de la valeur pour les actionnaires”. Et estiment, finalement, que les activités de sa filiale sont “stratégiques”. En novembre, Alibaba avait déjà abandonné la scission intégrale de son division cloud.

Six sociétés – Ces deux annonces remettent en question la poursuite de la restructuration promise l’an passé. Celle-ci visait à transformer le groupe fondé par Jack Ma en holding chapeautant six entités indépendantes, pilotées par leur propre directeur général. Et pouvant faire entrer des investisseurs extérieurs ou s’introduire en Bourse – à l’exception des activités d’e-commerce chinoises. L’objectif affiché était alors de “gagner en agilité” pour “réagir plus rapidement aux changements du marché”, alors que la position de leader d’Alibaba est attaquée par de nouveaux acteurs et de nouveaux modes de consommation. Et que sa croissance est en panne. L’objectif était aussi boursier, partant du principe que la valeur théorique de ces six sociétés était plus élevée que la valeur d’une seule entité englobant toutes les activités.

Nouvelle direction – Au-delà du contexte boursier, les revirements d’Alibaba s’expliquent également par un changement de direction. Daniel Zhang, qui avait succédé à Jack Ma en 2019, a quitté ses fonctions en septembre. Les nouveaux dirigeants, dont le président du conseil d’administration Joseph Tsai, ne souhaitent pas poursuivre une stratégie qu’ils qualifient “d’ingénierie financière”. Ils privilégient d’autres solutions, comme les cessions d’actifs non stratégiques. C’est le cas des nombreuses prises de participation accumulées depuis des années. Ou encore des magasins physiques, symboles du projet “New Retail”. L’enseigne de supermarchés Freshippo et les centres commerciaux Intime sont ainsi en vente. Pour repartir de l’avant, une nouvelle génération de dirigeants a aussi été promue à des postes à responsabilités.

Concurrence – Pionnier du commerce en ligne en Chine, Alibaba reste le numéro un du secteur, avec ses plateformes Tmall et Taobao. Mais ses parts de marché se sont érodées ces dernières années, en raison du succès fulgurant de Pinduoduo, et de son concept d’achats groupés à prix cassés. Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires de ses activités d’e-commerce chinoises n’a progressé que de 2%. En ajoutant ses sites internationaux, Aliexpress et Lazada, cette croissance se chiffre à seulement 7%. Très loin du rythme effréné de son rival, dont les ventes ont plus que doublé sur cette période, portées notamment par les performances de sa plateforme cross-border Temu. Alibaba doit aussi affronter la montée en puissance de ByteDance, la maison mère chinoise de TikTok, qui profite de l’engouement autour du shopping en direct.

Pour aller plus loin:
Alibaba change de stratégie pour accélérer en Europe
– Pourquoi le shopping en direct peine sur les marchés occidentaux


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