Par , publié le 30 avril 2024

Pour se rendre compte des priorités stratégiques de Meta, il suffit d’écouter la conférence avec les analystes organisée la semaine dernière, en marge de la publication des résultats du premier trimestre. De longues minutes sur l’intelligence artificielle générative, quelques-unes sur le métaverse et à peine quelques phrases sur le reste des activités, celles qui ont pourtant généré 35,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en trois mois. Et 17,7 milliards de profits. Mark Zuckerberg s’est notamment engagé à investir massivement pendant “plusieurs années” pour ne pas rater l’essor de l’IA. “Construire une IA de pointe est une tâche beaucoup plus difficile que les précédentes fonctionnalités que nous avons ajoutées à nos applications”, a prévenu le fondateur et patron de la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp.

Cartes graphiques – Cette annonce a fait plonger le cours boursier de Meta, alors que Wall Street avait récemment salué les efforts de rationalisation des dépenses. Mais pour Mark Zuckerberg, pas question de sous-investir. Le milliardaire a déjà prouvé qu’il était prêt à dépenser massivement, mettant à profit sa très lucrative machine publicitaire, portée par plus de 3,2 milliards d’utilisateurs actifs. Il l’a déjà fait pour prendre le virage vers le métaverse, ce monde virtuel qu’il considère comme la prochaine plateforme dominante. Dans l’IA, cela passe par des achats massifs de cartes graphiques (GPU) pour entraîner ses modèles, comme son grand modèle de langage Llama, dont la troisième génération vient d’être lancée. Et pour faire tourner son nouveau chatbot Meta AI, dont le déploiement vient de commencer aux États-Unis.

Opportunités “énormes” – Estimant que le potentiel de l’IA est encore plus important qu’initialement prévu, Meta a revu à la hausse ses prévisions de dépenses en capital, qui pourraient atteindre 40 milliards de dollars en 2024. D’ici à la fin de l’année, le groupe de Menlo Park devrait ainsi disposer de 350.000 H100, le GPU de référence de Nvidia. Cela représente environ dix milliards d’investissements, sans compter tous les coûts annexes. Face à ces sommes gigantesques, Mark Zuckerberg se veut rassurant. “Nous pouvons devenir l’entreprise la plus en pointe dans l’IA”, prédit-il, ce qui ouvrirait alors à Meta des opportunités “énormes”, qui “vont bien au-delà de celles qui semblent les plus évidentes”. Mais il faudra aussi être patient, prévient-il, car les retours sur investissements prendront du temps à se matérialiser.

Monétisation – Pour appuyer son enthousiasme, Mark Zuckerberg a détaillé trois pistes de monétisation de l’IA générative. D’abord, et sans surprise, l’ajout de publicités dans les interactions entre les utilisateurs et le chatbot Meta AI, sur la base d’un modèle qui reste encore à définir, mais qui sera “différent” des liens sponsorisés popularisés par Google. Ensuite, un abonnement payant permettant d’accéder à des modèles plus puissants et des options additionnelles, à l’image de ce que propose déjà OpenAI sur son robot conversationnel ChatGPT. Enfin, des fonctionnalités de messagerie destinées aux millions d’entreprises qui souhaitent utiliser un chatbot alimenté par Llama pour discuter avec leurs clients sur WhatsApp, Messenger ou Instagram. “C’est clairement l’opportunité la plus grande”, souligne le patron de Meta.

Pour aller plus loin:
– L’IA générative pourrait pousser Google à changer de modèle économique
– Après l’euphorie, les craintes d’une bulle autour de l’IA générative


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