Par , publié le 16 mars 2022

Pour Alibaba, Tencent et les autres géants chinois du numérique, le pire est peut-être passé. Mercredi, Pékin a en effet annoncé l’arrêt “dès que possible” de sa vaste offensive lancée il y a un an et demi pour lutter contre la domination de ces entreprises. Le régime s’est par ailleurs dit prêt à autoriser les introductions en Bourse à l’étranger, après avoir voulu refermer les brèches juridiques utilisées jusqu’à présent . Deux volte-faces soudaines qui traduisent un changement de priorité, alors que la croissance économique ralentit. Et que les plans sociaux se multiplient chez les groupes technologiques.

Mastodontes – L’offensive de Pékin a été déclenchée au moment de l’introduction en Bourse d’Ant Group, la filiale d’Alibaba spécialisée dans les paiements en ligne. À la dernière minute, celle-ci avait été suspendue par les autorités. Longtemps, les sociétés tech ont pourtant profité d’une attitude laxiste, voire bienveillante, de Pékin. Rarement inquiétées malgré des pratiques agressives et protégées de la concurrence des géants américains, elles sont devenues de véritables mastodontes qui ne cessent de gagner de nouveaux pans de l’économie. C’est particulièrement vrai pour Alibaba et Tencent, deux groupes tentaculaires qui multiplient les activités et les prises de participation.

Pratiques anticoncurrentielles – Le gouvernement a multiplié les amendes, dont plus de 2 milliards d’euros à Alibaba, et les initiatives pour réguler le secteur. Il a imposé des règles pour protéger les données personnelles. Et pour interdire des pratiques anticoncurrentielles, comme les clauses d’exclusivité ou la vente à perte. Il a aussi obligé Alibaba et Tencent à ouvrir les portes de leurs écosystèmes. Personne n’a été épargné. Les services de livraison de courses ont dû réduire leurs commissions. Les start-up spécialisées dans les cours en ligne n’ont plus le droit de réaliser des profits. L’usage des jeux vidéo a été limité pour les adolescents, et les autorisations de nouveaux jeux suspendues.

Plans sociaux – L’offensive de Pékin a été particulièrement brutale pour les actions des groupes chinois, majoritairement cotés à Wall Street. Malgré un fort rebond mercredi, elles ont perdu 70% de leur valeur en un an. Surtout, de nombreuses sociétés ont lancé des plans sociaux, en particulier dans les secteurs les plus touchés comme l’éducation en ligne et la livraison de courses. Même les géants chinois vont tailler dans leurs effectifs. Didi, le leader du marché des VTC particulièrement ciblé par le régime chinois, va supprimer environ 3.000 emplois. Selon l’agence Reuters, Alibaba prévoit de licencier jusqu’à 39.000 salariés. Et Tencent jusqu’à 15.000.

Pour aller plus loin:
– Ciblé par Pékin, Alibaba en panne de croissance
– En Chine aussi, les autorités veulent sévir contre les géants du numérique


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