Par , publié le 22 avril 2021

“La réalité, c’est que nous avons tous peur”. Devant une commission du Sénat américain, Jared Sine a trouvé des oreilles attentives. Pendant trois heures, des parlementaires ont écouté le responsable juridique de Match Group et des représentants d’autres sociétés, comme Spotify. Et ils ont questionné Apple et Google sur les pratiques liées à leurs boutiques d’applications mobiles. Des pratiques dénoncées comme anticoncurrentielles. “Ils ont beaucoup de moyens pour faire du mal à notre activité”, a poursuivi le dirigeant du spécialiste des rencontres en ligne pour dénoncer le duopole des deux groupes américains.

Commissions – Les critiques contre l’App Store et le Play Store, les boutiques respectives d’Apple et de Google, ne sont pas nouvelles. Mais leur caisse de résonance s’est fortement amplifiée depuis quelques mois, alors que la puissance des géants du numérique inquiète les gouvernements et les régulateurs. Les créateurs d’iOS et d’Android contrôlent à eux deux l’écosystème mobile. Ils peuvent donc imposer leurs règles aux développeurs d’applications, qui n’ont pas d’autre choix que de les accepter. Réunis au sein d’une coalition, les contestataires dénoncent le niveau des commissions, l’impossibilité d’utiliser d’autres boutiques ou encore le traitement de faveur réservé aux services maison.

Applications frauduleuses – Devant les sénateurs américains, Apple et Google ont répété les arguments qu’ils avancent depuis des mois. Leurs règles ne visent qu’à créer “un environnement sûr et sécurisé”. Et ceux qui les remettent en cause cherchent uniquement à maximiser leurs profits. Mais ces justifications ne semblent pas avoir convaincu les parlementaires. Ces derniers ont notamment remis en cause la politique de commissions, comprises entre 15% et 30%, notant qu’elles s’apparentent à une taxe sur l’innovation. Ils ont aussi souligné la présence de nombreuses applications frauduleuses sur les boutiques – l’un des arguments phares d’Epic Games, le créateur du jeu Fortnite, pour son procès à venir face à Apple.

Procédure antitrust – Plus inquiétant encore pour Apple et Google: les attaques sont venues aussi bien des démocrates que des républicains, laissant entrevoir un rare terrain d’entente entre les deux parties. Si plusieurs Etats ont essayé de légiférer, aucun projet de loi ne vise encore les boutiques d’applications au niveau national. Et aucune procédure antitrust n’a été ouverte à leur encontre. Cependant, le département de la Justice mène une enquête sur Apple, qui pourrait déboucher ces prochains mois sur des poursuites judiciaires. La Federal Trade Commission, le gendarme de la concurrence, pourrait aussi se pencher sur le dossier. À l’étranger, l’Europe et l’Australie ont déjà montré la voie.

Pour aller plus loin:
– Joe Biden lance un avertissement aux géants de la tech
– Le conflit entre Apple et Epic Games devant la justice américaine


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