Par , publié le 6 juin 2022

Chez Facebook, elle était celle qui s’occupait de “tout le reste”, selon l’aveu même de Mark Zuckerberg. Quatorze ans après son arrivée, Sheryl Sandberg va quitter le réseau social en octobre. Un départ surprise qu’elle justifie par sa volonté de consacrer davantage de temps à la philanthropie – et pas à une carrière politique, comme les rumeurs le suggèrent régulièrement. Directrice opérationnelle, elle a joué un rôle crucial pour transformer la jeune société en géant de la publicité en ligne. Elle cède sa place au moment où Facebook, rebaptisé Meta en octobre, cherche à nouveau à se réinventer. Elle sera remplacée par Javier Olivan, actuel directeur de la croissance.

Incontournable – Sheryl Sandberg avait été recrutée directement par Mark Zuckerberg en 2008, en provenance de Google. À l’époque, l’entreprise connaît déjà un fort succès mais s’apparente davantage à une fraternité d’étudiants. Surtout, elle génère encore peu de recettes. Chez Facebook, la dirigeante devient très vite l’incontournable bras droit. Elle gère la monétisation, les ressources humaines, les aspects juridiques, les affaires publiques… À Washington, Wall Street ou Davos, elle devient aussi la figure publique de Facebook. Sous son impulsion, le réseau social se structure enfin. Et il élabore son modèle économique, basé sur des messages sponsorisés s’affichant sur les fils d’actualités. Il prend ensuite, avec retard certes, le virage du mobile.

Perte d’influence – Dans la Silicon Valley, Sheryl Sandberg accède au rang d’icône. Le modèle de gouvernance de Facebook se substitue à celui de Google. Au lieu de remplacer leurs fondateurs par un directeur général extérieur, les start-up cherchent désormais “leur Sheryl”. La dirigeante est aussi saluée pour son combat pour la place des femmes dans les entreprises. Depuis quelques années cependant, son image a fortement été ternie par de multiples scandales, de l’affaire Cambridge Analytica aux récents “Facebook Files”. Affaiblie et critiquée, Sheryl Sandberg a perdu de l’influence en interne, notamment parce que Mark Zuckerberg a repris le contrôle sur de nombreux dossiers. L’arrivée de Nick Clegg, à la tête des affaires publiques, y a également contribué.

Transformation – Le départ de Sheryl Sandberg intervient à un moment crucial. Fin 2021, Facebook a perdu des utilisateurs pour la première fois depuis sa création en 2004. Et Instagram et WhatsApp, ses traditionnels relais de croissance, ont également bien du mal à attirer de nouveaux adeptes. La hausse de son chiffre d’affaires a ainsi fortement ralenti. En Bourse, son action a perdu la moitié de sa valeur en moins d’un an. Surtout, l’entreprise californienne s’est lancée dans un processus de transformation vers le métaverse, ce monde virtuel que Mark Zuckerberg voit comme la prochaine plateforme dominante. Les investissements sont déjà colossaux: dix milliards de dollars l’an passé. Pour des résultats qui ne se matérialiseront pas avant plusieurs années.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi Facebook parie autant sur le métaverse
– La lanceuse d’alerte qui fait trembler Facebook


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