Par , publié le 8 février 2023

C’est peut-être le coup de grâce pour le rachat de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft. Mercredi, l’autorité britannique de la concurrence (CMA) a publié les résultats de son enquête préliminaire. Elle estime que cette opération d’un montant de 69 milliards de dollars (66 milliards d’euros), le plus gros chèque jamais signé par le concepteur de Windows, pourrait “se traduire par des prix plus élevés, moins de choix et moins d’innovation pour les joueurs”. Microsoft dispose désormais de deux semaines pour soumettre des “remèdes”, mais les concessions déjà proposées ne semblent pas aller assez loin pour la CMA, qui pourrait exiger la cession d’une partie des actifs d’Activision, en particulier de sa franchise phare Call of Duty. 

Concessions – Anciennement détenu par Vivendi, Activision est l’un des principaux éditeurs de jeux vidéoDepuis, l’annonce du rachat il y a un peu plus d’un an, les dirigeants de Microsoft n’ont cessé d’en minimiser sa portée, soulignant que le groupe n’est que le troisième acteur sur le marché des consoles de jeu, derrière Sony et Nintendo. Ces derniers mois, devant les doutes des régulateurs, ils avaient multiplié les concessions, promettant en particulier de publier pendant dix ans les prochains Call of Duty sur les PlayStation de Sony et sur Steam, la plateforme dominante pour les jeux PC. Des promesses qui n’ont pas convaincu la CMA, qui redoute notamment que cette acquisition permette à Microsoft d’obtenir une position dominante sur le marché naissant du cloud gaming.

Cessions d’actifs – Le jugement de la CMA était particulièrement attendu par Microsoft, qui estimait pouvoir obtenir le feu vert de Bruxelles et pouvoir remporter la bataille judiciaire lancée par la FTC américaine. Petit motif d’espoir, l’autorité britannique ne se dit pas totalement opposée à accepter des engagements de la part de la société. Mais elle précise aussi qu’elle ne privilégie généralement pas ce type de solutions, qu’elle considère comme moins efficaces. À la place, l’autorité cite trois remèdes potentiels: la cession de la franchise Call of Duty, la cession d’Activision et enfin la cession d’Activision et de Blizzard – dans ce cas de figure, l’opération ne porterait plus que sur King, l’éditeur de Candy Crush Saga. Il est probable que Microsoft préfère alors renoncer au rachat.

Erreur de jugement – Les arguments des dirigeants de Microsoft se sont surtout heurtés à une réalité qu’ils semblent avoir sous-estimée: alors qu’elles cherchent à limiter la domination des géants de la tech, les autorités de la concurrence ne pouvaient pas laisser passer une telle opération. C’est le cas de la FTC, et de sa nouvelle patronne, Lina Khan, mais aussi de la Commission européenne et de la CMA britannique, particulièrement active depuis le Brexit. Peut-être ont-ils été aveuglés par le feu vert obtenu sans soucis pour mettre la main sur Nuance, une société spécialisée dans l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé, pour 20 milliards de dollars. Ou alors par le sentiment d’être dans les bonnes grâces des autorités, davantage concentrées sur Apple, Google, Amazon et Facebook.

Pour aller plus loin:
– Comment Microsoft passe sous le radar des autorités de la concurrence
– Dans le cloud, Microsoft promet des concessions


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